Comité de liaison (CLAN-R)

Michèle LAUMET : Qui sont les Harkis ?

jeudi 18 août 2011

 L’ATTACHEMENT A L’ARMÉE FRANÇAISE

Les officiers, les militaires, les anciens combattants, restés fidèles à la France, les supplétifs également, sont les héritiers d’une longue tradition militaire. Leurs ancêtres, eux-mêmes pour les plus âgés, se sont battus sur la plupart des champs de bataille où la France est présente depuis plus d’un siècle, au sein de l’armée d’Afrique où le nombre de soldats musulmans dans les régiments de tirailleurs, zouaves, spahis, atteint 40 à 50 % des effectifs, dont un tiers d’engagés volontaires. "Fils d’une tradition militaire très ancienne, faite de bravoure, d’abnégation devant le danger, de respect de l’ennemi, ils ont écrit des pages admirables de l’histoire de nos armes (...) ils ont acquis des droits sur nous " (4)

Pendant la première guerre mondiale, les soldats musulmans sont 36 000 à tomber au champ d’honneur. En 1944, ils participent avec un courage qui force l’admiration des Alliés à la campagne d’Italie, au débarquement de Provence et à la Libération de la France. Parmi eux, les ancêtres des harkis :
"La Grande Guerre voit l’Algérie fournir un lourd contingent de soldats (...) ils versent généreusement leur sang sur les principaux champs de bataille immortalisés par l’histoire : Verdun, la Somme, la Champagne, l’Artois. Ils sont 170 000 à traverser la Méditerranée (...)

Ils sont 36 000 à donner leur vie pour que la France retrouve sa liberté et la paix.

C’étaient les grands-pères des harkis.

Pendant la seconde guerre mondiale, alors que la France est captive et muette 230 000 soldats musulmans dont 120 000 à 150 000 algériens luttent entre 1942 et 1944, certains jusqu’au sacrifice suprême.(...) ils inscrivent dans le livre d’or de l’histoire de France des pages de gloire qui ont pour nom : Belvédère, Monte Cassino, Rome, le Rhin, Strasbourg, Belfort.

Pour la seconde fois au cours de ce siècle, ces soldats rendent sa dignité à la patrie et lui restituent sa place dans le monde.

C’étaient les pères des harkis". (5)

 LA TRADITION FAMILIALE OU CULTURELLE

Nombre de fonctionnaires, nombre d’élus locaux et nationaux, qui choisirent de continuer à assurer leurs fonctions malgré les menaces et les exécutions, le firent souvent parce-que leurs familles ou leur clan, avant eux, et quelquefois depuis longtemps, occupaient déjà des fonctions administratives ou électives au sein de l’Etat français. Leur fidélité s’inscrivait donc tout naturellement dans une tradition familiale ancienne.

De même pour les d’officiers ou pour les intellectuels diplômés des universités françaises, continuer avec la France peut s’analyser comme le choix de la fidélité à une culture qu’ils avaient intégrée.

Pour l’un comme pour l’autre groupe, rester auprès de la France relevait d’une logique de continuité.

  LES RAISONS LIÉES AUX CIRCONSTANCES

  • La recherche de la protection de l’armée française
    dans une guerre où le moindre comportement - fumer, se rendre dans une administration, voter, parler à un militaire ou à un européen - peut être regardé comme suspect parce-qu’il transgresse un interdit posé par le FLN, transgression susceptible d’entraîner la mort, le musulman pris dans l’engrenage, pour échapper à la menace qui pèse sur lui, s’enrôle dans l’armée française.

Laquelle de son côté, pensant que la France resterait durablement en Algérie en se fiant aux promesses des dirigeants politiques, et en particulier à celles de De Gaulle jusqu’en 1960, exerce de fortes pressions pour favoriser l’embauche de supplétifs.

  • Les rivalités de clans ou de villages dans une société organisée autour de groupes - familles, clans, villages - et fondée sur la solidarité entre les membres d’un même groupe, les engagements collectifs avec l’armée française ou avec le FLN, peuvent être la conséquence de l’exécution d’un membre du groupe par les rebelles ou à l’inverse par les militaires français.

De même, les rivalités entre groupes rivaux expliquent les engagements dans un camp dès lors que le clan rival s’est engagé auprès du camp adverse. Comme le relate l’ethnologue Germaine Tillon citée par Mohand Hamoumou "sous le couvert et l’alibi de trois guerres, (entre France et Algérie mais aussi entre français et entre musulmans) un nombre incalculable de règlements de comptes assouvissent de vieilles haines pendantes entre les familles. "(3)

  • Le ralliement de rebelles
    pour certains d’entre eux enrôlés de force dans l’ALN (armée de libération nationale), ou révoltés par ses excès tant à l’égard des populations civiles qu’à l’égard des autres mouvements indépendantistes, ou par les règlements de comptes pratiqués dans ses propres rangs, rejoindre l’armée française constitue alors la seule alternative.

L’exemple le plus représentatif est celui du commando Georges : constitué pour l’essentiel par d’anciens rebelles sous le commandement de Georges Grillot, il fut après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 presque entièrement exterminé, après le refus du gouvernement français d’organiser son rapatriement.

Les membres du commando Georges furent massacrés dans d’horribles conditions, certains d’entre eux furent ébouillantés vivants.


5) Abd El Aziz Méliani "La France honteuse. Le drame des Harkis"
éditions Perrin 76 rue Bonaparte 75006 Paris / L’Harmattan 16 rue des Ecoles 75005 Paris

(4) Jacques Chirac premier ministre (1986)

(3) Mohand Hamoumou " Et ils sont devenus Harkis "
éditions Fayard


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Qui sont les Harkis

18 août 2011
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