19 mars 1962 : un faux anniversaire pour un faux armistice
Enfin la « quille » !
Le cessez-le-feu du 19 mars n’a donc ni stoppé les tueries, ni jeté les bases d’un accord sérieux entre la France et l’Algérie. Rien à voir avec l’armistice du 11 novembre 1918 ! Quelle est donc sa signification ? Qu’est-ce qui peut bien justifier qu’on veuille célébrer cette date funeste ? Que les Algériens la commémorent, on le comprend.
Mais nous, pourquoi ? Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Le 19 mars annonçait « la quille ! » [8]
Les « p’tits gars du contingent » allaient rentrer à la maison !
Qu’importait ce qu’ils laissaient derrière eux ? À Christian Fouchet, dernier représentant de la France en Algérie, le général De Gaulle aurait donné pour consigne : « Débarrassez-moi de ça dans les trois mois ! ». « Ça », ce n’était que deux ou trois millions de Français, familles comprises (un million de Pieds-noirs et deux millions de Français musulmans, engagés politiquement et militairement aux côtés de la France).
Ces derniers n’avaient plus les moyens de se défendre puisqu’on leur avait préalablement retiré leurs armes. Quant aux Européens, ils n’avaient le choix qu’entre abandonner tous leurs biens et le pays de leurs ancêtres ou risquer d’être massacrés (comme à Oran) ou enlevés (comme les « disparus »).
Que, sans prendre la mesure de leurs responsabilités envers leurs concitoyens européens et musulmans qu’ils abandonnaient, des jeunes
gens irresponsables, ignorant tout de leur Histoire [9] , aient éprouvé de la joie à la perspective de rentrer chez eux en Métropole, qu’ils aient même gaiement fêté cette "quille", on peut le comprendre, même si cela fait mal.
Mais que des hommes d’âge mûr, nantis de responsabilités locales ou nationales, se prêtent quarante-six ans plus tard à de telles manipulations de la mémoire, est un outrage au sens républicain de la solidarité nationale.
René MAYER
Commandeur de la Légion d’honneur
Auteur de « Algérie, mémoire déracinée »
(L’Harmattan)
et de "Français d’Afrique du Nord, ce qu’ils
sont devenus" (chez l’auteur).
NDLR |
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Plusieurs municipalités, notamment en région parisienne et, en dernier
lieu, la ville de Rueil-Malmaison, estimant avoir été abusées par la FNACA, ont débaptisé les rues, squares ou monuments, porteurs de plaques commémorant le « 19 mars 1962 ».
[8] Terme d’argot désignant la fin d’un service militaire… ou le dernier jour d’une peine de prison.
[9] Par exemple, on leur a caché et on leur cache toujours, la part cruciale prise par les Français européens et musulmans d’Afrique du Nord dans leur libération du nazisme. Le petit peuple pied-noir (un million d’habitants) a eu plus de morts au combat de 1943 à 1945, que toute l’armée française (pieds-noirs compris) durant les huit années de la guerre d’Algérie.
Mots-clés
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19 mars 1962
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