19 mars 1962 : un faux anniversaire pour un faux armistice
La présence de ce mur accusateur dérange. Certains voudraient le voir disparaître comme a disparu la stèle de Marignane. N’hésitant pas à
inverser les rôles, ils prétendent que ce mur dédié aux victimes fait l’apologie des crimes de l’OAS.
Les Harkis et les Européens d’Algérie n’ont pas été les seules victimes du retrait de l’armée française après le 19 mars 1962. L’armée a également abandonné derrière elle les dépouilles de plusieurs centaines de jeunes soldats, tant métropolitains que pieds-noirs [5]
Leurs corps n’ont pas fait l’objet de réclamations aussi insistantes que celles que les USA ont présentées au Viet-Minh, et Israël aux Palestiniens.
Vous avez dit « accords » ?
Ainsi, la signature des prétendus « accords » d’Évian n’a ni interrompu la tuerie, ni permis de récupérer les corps. A-t-elle au moins jeté les bases d’un accord entre la France et l’Algérie ?
En réalité, au sens juridique du terme, il n’y a jamais eu d’« accord », en 1962, entre la France et l’Algérie. D’abord, le terme même d’« accord »
ne figure nulle part dans le corps du document signé à Évian. Seule la couverture de l’opuscule édité a posteriori par la Documentation française le porte. Mais il ne figure jamais dans le texte lui-même. À la seconde page, on ne parle déjà plus d’accord mais « des Déclarations d’Évian ».
Entre accord et déclaration, il y a plus qu’une nuance.
Dans ses interventions publiques, le général De Gaulle a d’ailleurs pris bien soin d’éviter de prononcer le terme « accord ». Il utilisa soit le terme
« déclarations », soit des circonlocutions telles que « les conclusions des négociations d’Évian ».
A défaut d’en adopter la forme, le document signé à Évian contient-il au moins le fonds d’un « accord » ? Autrement dit, définit-il les droits
des deux parties et les obligations que chacune s’engage à respecter ?
Nullement.
Le document est entièrement rédigé au futur. Il ne formule qu’un certain nombre d’intentions. Il ne précise jamais quelle partie
est liée par ces intentions ni ce qui se passerait si celles-ci n’étaient pas suivies d’effet.
[5] La Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives a recensé 386 militaires "morts pour la France hors guerre" en Algérie après
le 2 juillet 1962.
Mots-clés
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19 mars 1962
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