Comité de liaison (CLAN-R)

19 mars 1962 : un faux anniversaire pour un faux armistice

samedi 20 février 2010

Le temps des revanchards

Les « accords » d’Évian étaient censés ramener la paix. L’armée française avait reçu l’ordre de rester cloîtrée dans ses cantonnements, et de n’intervenir qu’en cas de légitime défense. Le champ était donc libre pour que déferle une violence qui depuis des mois ne s’était plus manifestée dans ce département pacifié. Les ouvriers de la onzième heure forment toujours des revanchards de la pire espèce [3].

Dans l’année qui a suivi le prétendu « cessez-lefeu » du 19 mars 1962, il y eut plus d’enlèvements, d’assassinats et de disparitions, tant de musulmans profrançais que de civils européens, que durant les années de guerre précédentes.

Le pire massacre fut, bien sûr, celui des Harkis. L’armée française avait reçu l’ordre de les désarmer. Il lui était également et formellement interdit de les embarquer pour les mettre à l’abri en Métropole [4].

Ils firent l’objet de massacres massifs précédés des plus sauvages tortures.
Les évaluations les plus modérées estiment à 80.000 le nombre de leurs victimes. D’autres avancent des nombres sensiblement plus élevés.

En juin 1962, malgré l’exode provoqué par les enlèvements d’Européens, ceux-ci étaient encore environ 200.000 prêts à tenter de rester dans leur patrie, l’Algérie, fût-elle devenue indépendante.

À Oran, le 5 juillet 1962, au lendemain de la proclamation de l’indépendance, ils furent victimes d’une tuerie de masse. Elle fit plusieurs milliers de morts. Plus discrets parce que répartis sur l’ensemble du territoire, mais ayant fait au moins autant de victimes que les massacres d’Oran, les enlèvements d’Européens continuèrent durant près d’un an.

Les dépouilles de ceux qui ont disparu n’ont jamais été rendues à leurs familles. Il faudrait, on ne sait où, pouvoir fouiller des charniers. Leurs noms sont coulés dans le bronze sur un mur de Perpignan.

[3En France aussi, en 1945, nous en avons connu de ces « combattants »
plus doués pour assassiner les civils et tondre les femmes que pour
monter au maquis ou rejoindre une armée régulière

[4Directive du ministre d’État Louis Joxe n° 125/IGAA du 16 mai 1962,
suivie par une directive du ministre Pierre Mesmer menaçant les cadres
de l’armée


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