Comité de liaison (CLAN-R)

Jean MONNERET : Que s’est-il passé le 5 Juillet 1962 à Oran ?

samedi 26 février 2011

Une seconde réalité s’impose également : nombre de manifestants sont armés et porteurs à la fois d’armes blanches et d’armes à feu. Ont-ils prémédité un massacre ou pensaient-ils qu’ils avaient encore à craindre de l’Armée Secrète ? Le service d’ordre musulman, n’a pas toujours le souci de protéger les Européens. Il va, bien au contraire, déclencher une opération de ratissage musclée, qui se soldera par des centaines d’enlèvements.

Les archives militaires contiennent des appréciations sévères sur les ATO et sur leur comportement ce jour là. Retenons-en ces extraits " de très nombreux civils sont armés. Les ATO et l’ALN (chaque groupe travaillant pour son compte) sont incapables de les empêcher d’arrêter les Européens, de piller leurs biens et souvent de les lyncher… Les ATO sont plus dangereux qu’utiles ». Le chef d’escadron F…. commandant la 452ème GAA précise : "Les ATO semblent en grande partie responsables de l’aggravation des incidents qui ont eu lieu aujourd’hui  ». (1 H 3206)

A coté des exactions commises par le service « d’ordre », d’autres sont perpétrés par des civils musulmans se déplaçant en voiture. Certains tirent sur les Européens qu’ils croisent, les lynchent, ou les entrainent de force dans leur véhicule. Plusieurs centaines de Pieds-Noirs au minimum (3) seront ainsi enlevés au cours de cette journée et durant la suivante. Les enlevés semblent devoir être répartis en deux groupes. Le premier fut dirigé vers le commissariat central parfois sans ménagement.

Nombreux sont les Oranais qui affirment que plusieurs y furent assassinés. Malheureusement, peu de témoignages sont disponibles sur ce point (4) qui reste à éclaircir. Il semble néanmoins possible d’avancer que la plus grande partie des gens retenus là, fut libérée dans la soirée après que différents officiers français soient venus parlementer.

Un autre groupe d’environ deux ou trois cents d’entre eux fut libéré dans l’après-midi, devant l’ancienne préfecture, grâce à l’intervention courageuse du lieutenant Rabah Khellif qui appartenait à la 4ème compagnie du 30 ème BCP. Il agit en armes, à la tête de sa section, à l’encontre des ordres de non-intervention reçus du Secteur. Cet officier, plus tard promu capitaine, avait été fait prisonnier à Dien-Bien-Phu par le Vietminh.

Profondément patriote, il était intervenu, poussé par un sens aigu de l’honneur militaire. Au début, il évita de peu une sanction mais il fut néanmoins ultérieurement cité à l’ordre du régiment par son colonel. Rabah Khellif peut être tenu pour un des rares héros de cette fatale journée.


(3) Il est impossible de connaitre le chiffre exact des gens tués dans la rue et celui des personnes enlevées. Le docteur Couniot, chirurgien oranais qui avait vécu ces évènements et demeura quelques années dans l’Algérie indépendante, nous parla de 600 enlevés. Les archives militaires disent 453. Beaucoup d’Oranais citent des chiffres très supérieurs mais sans justifications précises.

(4) Il est curieux de constater que 45 ans après ces faits, de nombreux témoins refusent que l’on cite leur nom, ou tout simplement, de parler, privant ainsi leurs compatriotes de renseignements précieux.


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