Comité de liaison (CLAN-R)

Jean MONNERET : Que s’est-il passé le 5 Juillet 1962 à Oran ?

samedi 26 février 2011

Hélas ! La plupart des autres prisonniers européens, dont le nombre est difficile à évaluer et qui avaient été raflés à travers toute la ville et ses faubourgs, furent conduits au Petit-Lac. Ils y furent massacrés dans des conditions de violence et de barbarie extrêmes. Un témoignage émanant d’un Européen, sauvé par un musulman a été recueilli par le cinéaste Gilles Perez.

Le 2ème bureau de l’Armée française, bien qu’il fût informé de l’existence de charniers au Petit-Lac ne put y dépêcher de patrouilles pour enquêter directement. Des avions de reconnaissance toutefois survolèrent le lieu. Des photographies prises depuis ces appareils montrent avec une grande netteté, une vingtaine au moins, de vastes tombes collectives.

Ces rectangles de terre remuée sont très visibles d’avion. Ils auraient pu contenir, selon nous, entre 300 et 400 cadavres. D’autres tombes collectives furent également connues, en d’autres point de la ville, notamment au Cimetière de Tamashouët( confirmé notamment par un très intéressant témoignage dans l’Algérianiste N° 118, juin 2007, p.26)

Nombreux furent les Oranais, et pas seulement eux, qui critiquèrent la passivité des troupes françaises ce jour là. Le général Katz, commandant le Secteur Autonome ( plus tard Groupement) fut particulièrement mis en cause. Il écrivit en 1992 un ouvrage intitulé «  L’honneur d’un général  ».

Nous avons eu l’occasion d’indiquer qu’il contient de multiples(5) incohérences et de multiples entorses à la vérité. Nous avons également publié un document qui prouve, contrairement aux dires du général Katz, que les troupes françaises étaient bel et bien consignées dans les casernes.

Il est vrai cependant que le général ne faisait qu’appliquer avec un grand zèle, aussi malheureux que déplacé, les ordres du Ministère des Armées. Celui-ci appliquait de son côté, les directives du général de Gaulle : »Nous ne devons plus avoir de responsabilités dans le maintient de l’ordre  » (voir 31ème question)

La presse de l’époque et depuis quarante cinq ans, les médias, n’ont pas donné aux massacres du 5 juillet, la couverture qu’ils méritaient. Pour la France, les massacrés d’Oran demeurent à ce jour, des victimes importunes.


(5) Joseph Katz. L’honneur d’un général. L’Harmattan 1992

Jean Monneret. La phase finale...op. cit. ainsi que la Tragédie dissimulée. Oran 5 juillet 1962. Ed. Michalon 2006.

Voir également Gilles Perez Les Pieds-Noirs, histoire d’une blessure, film diffusé en avril 2007, sur FR3.