Jean Balazuc- Indochine : les derniers jours de Diên-Biên-Phu - Mai 1954.
Seule une poignée de légionnaires parvient à s’enfuir avec quelques cavaliers et quelques Thaïs.Une centaine d’hommes vont parvenir à forcer le blocus ennemi dans les jours à venir et, au prix de souffrances indicibles, triomphant de la faim, da la soif, de la maladie, de l’épuisement, réussiront à rallier Muong Saï, deux cents kilomètres à l’ouest, ultime bastion français au Nord Laos. D’autres, dont le nombre est ignoré, vont tourner, des jours, des semaines durant, dans le labyrinthe de la jungle. Ils y mourront solitaires, abandonnés de tous. Ceux-là n’auront été vaincus que par la mort.
Les médecins Grauwin et Gindrey sont autorisés à s’occuper de leurs patients. A leur grande fureur, Rondy et Madeleine, les deux toubibs des B.E.P. doivent abandonner leurs blessés ; incohérence : deux infirmiers, Réale et Di Lorenzo sont autorisés à rester sur Diên-Biên-Phu.
- 7 mai 1954 : la chute de Diên-Biên-Phu en Indochine est ressentie en Algérie comme une défaite des Français face à une révolution populaire.
L’épopée de la Légion en Indochine prend fin à Diên-Biên-Phu avec 4 000 légionnaires et parachutistes, à la fin des combats, face à 40 000 soldats du Vietminh.
3 500 volontaires ont rejoint Diên-Biên-Phu avant la chute et 709 non parachutistes ont été largués pour la première fois dans la cuvette.
Les tirailleurs algériens et marocains, - leurs officiers ayant été tués pour la plupart -, se sont réfugiés, les bras ballants, dans des abris avant la fin de la bataille ; les nerfs brisés, le moral atteint, ils ont cessé de se battre sauf quelques unités toujours encadrées.
La garnison du camp retranché compte 1 571 morts au combat et plus de 4 000 blessés ; 1 161 hommes sont portés disparus, déserteurs, dont 907 supplétifs locaux ; 12 137 hommes partent en captivité ; 3 290 hommes seront rendus aux autorités françaises. Manquent environ 9 000 hommes. Que sont-ils devenus ?
La centaine de combattants échappés du réduit central et les quelques légionnaires du III/3e R.E.I. qui sont parvenus à briser l’encerclement, tentent, par petits groupes, de rejoindre les troupes franco-laotiennes et les maquis thaïs. Ils devront payer leur liberté de nouvelles souffrances, car la jungle est quasi impénétrables, l’ennemi invisible et les recherches difficiles.
Quant aux prisonniers, un calvaire les attend. La captivité chez Ho Chi Minh est plus dure que les combats ; quatre mois d’internement feront quatre fois plus de victimes que six mois de combats. A la C.E.P.M.L., sur 42 ayant pris le chemin des camps, 16 seulement s’en sortiront.
Des six bataillons et trois compagnies de mortiers lourds de la Légion engagés dans la bataille, 2 000 hommes sont récupérés. Les 1er et 3e bataillons de la 13e D.B.L.E., le I/2e R.E.I., le III/3e R.E.I., le 2e B.E.P. disparaissent. Pour la deuxième fois, le 1er B.E.P. est mort. Unies dans le sacrifice, les deux C.M.M.L.E. des 3e et 5e R.E.I. et la C.E.P.M.L. des B.E.P. sombrent à Diên-Biên-Phu.
Du 13 mars au 7 mai, la Légion perd 318 tués, 738 disparus et 2 322 blessés.
Le 1er B.E.P. accuse 316 tués et disparus, le 2e B.E.P. 99. Les prisonniers décédés par la suite s’ajoutent à ces chiffres. Un tiers seulement des légionnaires rentrera de captivité.
Le 1er B.E.P. déplore 609 blessés, le 2e B.E.P. 334.
Tous ces prestigieux et héroïques soldats tombés là-bas à Diên-Biên-Phu s’en sont allés en pleine jeunesse, qu’ils ont fait don à la France. Leur sacrifice mérite admiration, fierté et reconnaissance de la France.
Jean Balazuc P.P.P.
fr Histoire et mémoires 8- Indochine ?