Jean Balazuc- Indochine : les derniers jours de Diên-Biên-Phu - Mai 1954.
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- Au petit jour, la 3e compagnie du capitaine Pouget rejoint la 2e compagnie du lieutenant Edme, pour relever sur Eliane 2, le I/13e D.B.L.E. du commandant Coutant. Edme et ses hommes couvrent toute la partie est, face au Mont Chauve, Pouget et les siens, la partie sud, face aux Champs-Elysées. En bas et en retrait, sur Eliane 3, une position de fortune, reste le reliquat du I/13e D.B.L.E. avec le commandant Coutant qui n’a pas voulu quitter la colline, en réserve d’une contre-attaque. Les légionnaires voisinent avec les sections lourdes du 6e B.P.C., l’infirmerie des parachutistes et les blessés légers qui ont tenu à rejoindre leurs unités.
- Le 4 mai, le général de Castries sort pour la 1ère fois de son trou et rend visite à l’hôpital où les chirurgiens se dévouent : trop de blessés, abris exigus, matériel insuffisant. Il salue les lieutenants de Biré, Rollin, de Cacqueray qui vient d’être amputé d’une jambe, le caporal Heinz du 2e qui a perdu ses deux bras et une jambe avec sa 4e blessure. De Stabenrath hésite entre la vie et la mort. Bonnel est jugé perdu par le lieutenant Madeleine, médecin-chef du 2e B.E.P.
- Dans la nuit du 5 au 6 mai, sur Huguette 2 et 3, les Viets sont contrés par le Bataillon de Marche Etranger Parachutiste : 160 spectres se dressent pour un ultime baroud.
La 4e compagnie du capitaine Trehiou du 1er B.P.C. saute sur Diên-Biên-Phu. Un seul blessé, le capitaine Guy Bazin de Bezons, commandant le bataillon ; à peine au sol, un obus ennemi lui fracasse la cuisse. Le capitaine Jean Pouget le remplace.
- Le 6 mai, le nombre des défenseurs ne cesse de se réduire avec une pénurie de munitions. L’artillerie française n’a plus que deux heures de feu intensif. Sur Eliane 4, les survivants du I/2e R.C.P. et du 5e Bawouan sont regroupés face à l’est, tandis que la partie sud-est de la colline est confiée à la 4e compagnie du capitaine Trehiou du 1er B.P.C.
En bas, entre collines et rivière, le point d’appui Eliane 3 est tenu par deux grosses sections de parachutistes du 6e B.P.C. Les restes des 1ère et 2e compagnies : Le Page s’accroche sur les rives de la Nam Youm, Trapp le long de la R.P.41. Le point d’appui est aménagé comme un hérisson indépendant. Au centre, l’antenne chirurgicale secondaire où s’entassent quelques trois cent blessés des unités parachutistes de la Légion ; autour, les mortiers de 81 des bataillons paras, regroupés aux ordres du lieutenant Jacques Allaire.
Et pour boucler la périphérie, des boyaux où s’entassent pêle-mêle légionnaires de la 13e D.B.L.E., blessés en état de marcher, Thaïs, Algériens, voire des P.I.M. qui ont pris une place au combat.
Deux points d’appui assurent la couverture nord : à droite de la piste d’aviation, Epervier où s’accroche les parachutistes vietnamien du capitaine Alain Bizard, renforcés par des demi-sections du 8e Choc, et à gauche, Huguette 2 et Huguette 3, sous les ordres du commandant Guiraud, avec une vingtaine de légionnaires parachutistes, moins de cinquante Marocains et moins de cinquante légionnaires du I/2e R.E.I.
Dans la partie sud du réduit central, le point d’appui Junon entre le P.C. du général de Castries et la rivière, occupé par les Thaïs Blancs du capitaine Duluat, qui enserrent les mitrailleuses quadruples du lieutenant Redon, qui ont pris de flanc les Champs Elysées.
- Dans la nuit du 6 au 7 mai, la bataille est générale ; elle fait rage au nord sur les P.A. Eliane ; le colonel Pierre Langlais demande des renforts ; le commandant Maurice Guiraud lui envoie deux compagnies ; la compagnie du capitaine Michel Brandon est envoyée sur Eliane 4 ; la compagnie du lieutenant Jacques Le Cour Grandmaison, envoyée sur Eliane 10, est dispersée par les bombardements.
fr Histoire et mémoires 8- Indochine ?