Jean Balazuc- Indochine : les derniers jours de Diên-Biên-Phu - Mai 1954.
La division 308 porte alors son action contre le petit point d’appui isolé au milieu de la piste, Huguette 5, le PA devenu le plus sensible au nord-ouest. Un moment les Viets pénètrent dans la partie sud-ouest de la position avant d’être repoussés par le capitaine Jean Luciani, lui aussi promu capitaine à titre exceptionnel, qui a repris le commandement de la 1ère et de la 4e avec de Stabenrath pour adjoint. Le commandant Maurice Guiraud contre-attaque une fois de plus avec le dernier char du capitaine Harvouët. Encore un baroud d’honneur. Huguette 5 est conservée. La division 308 a échoué.
Mais les points d’appui d’est et ouest sont aux mains des Viets.
- Dans la nuit du 2 au 3 mai, le régiment 36 sur la face nord et le régiment 102 sur la face ouest repartent à l’assaut d’Huguette 5, avec en réserve le régiment 88. Le capitaine Luciani est blessé. Douze mille hommes sont massés pour écraser une trentaine de légionnaires commandés par le lieutenant de Stabenrath. Un officier, le sous-lieutenant Boisbouvier et deux sous-officiers Zurell et Novak commandent des sections de dix hommes.
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- A 3 heures du matin, l’artillerie Viet s’arrête ; c’est la fin ; le régiment 102 arrive enfin au centre du P.A. après une heure et demie de combats pour réduire la poignée de bérets verts. Il n’y a aucun prisonnier.
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- A 4 heures du matin, une cinquantaine de légionnaires du I/2e R.E.I. partent depuis Huguette 2 pour contre-attaquer. Ils sont cloués dans les barbelés extérieurs par l’artillerie ennemie.
Alain de Stabenrath touché se traîne pour échapper à la capture ; le caporal Grana, lui aussi blessé, le découvre dans les barbelés du P.A. tenu par Brandon et donne l’alerte.
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- A l’aube, le commandant Guiraud voir surgir trois hommes hagards, couverts de boue et de sang : les sous-officiers Zurell et Novak et le caporal Grana, portant un quatrième, les jambes déchiquetées, le visage cireux, le lieutenant Alain de Stabenrath. Sévèrement atteint, l’officier est brancardé jusqu’à l’antenne chirurgicale et opéré. Huguette 5 est tombée.
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- Dans la nuit, une seule compagnie a été parachutée, la 2e du lieutenant Marcel Edme du 1er Bataillon de parachutistes coloniaux. Le colonel Pierre Langlais l’envoie aussitôt sur Eliane 2, tenue par les légionnaires du I/13e D.B.L.E. du commandant Coutant.
- Le 3 mai, le bataillon de marche étranger parachutiste ne compte plus que 360 hommes valides.La pluie est là. Les Viets occupent les hauts et la plupart ont relativement les pieds au sec. Les Français, dans les fonds, pataugent dans leurs tranchées. Les légionnaires paras occupent Huguette 2 et Huguette 3. Ils encaissent continuellement des harcèlements intenses.
Sur les six positions attaquées, trois sont irrémédiablement perdues : Eliane 1, Dominique 3 et Huguette 3. Et la saignée est irréparable, la valeur d’un bataillon ; 28 tués certains dont le lieutenant Yves Périou, 168 blessés dont les lieutenants André Leguerre et Alain de Stabenrath, 303 disparus dont 6 officiers.
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- Dans la soirée, les bonnes conditions météorologiques permettent le largage de ravitaillement, en munitions et en sacs de riz ainsi que la 3e compagnie du capitaine Pouget du 1er B.P.C.
- Dans la nuit du 3 au 4 mai, à 3 heures du matin, le régiment 36, appuyé par deux bataillons des régiments 88 et 102 de la division 308, donne l’assaut aux quatre-vingt dix hommes du capitaine Jean Luciani. Une poignée de légionnaires parachutistes et Marocains mêlés. En 35 minutes, Huguette 4 est submergée. Un peu plus tard, le commandant Maurice Guiraud envoie un élément de contre-attaque. Il ne peut rien faire sinon récupérer quelques blessés tapis dans les barbelés.
fr Histoire et mémoires 8- Indochine ?