Commentaire du général Faivre sur le livre " Les derniers tabous : les Harkis restés en Algérie"
C. Ces estimations partielles n’excluent pas des erreurs manifestes, comme celles de :
Vidal-Naquet qui compte 80 à 100.000 morts de mars à juillet 1962 (le Monde du 11 novembre 1962),
Lacouture qui fait une estimation de 100.000 morts dans Telerama du 13 sept. 1991,
le sous-préfet d’Akbou qui propose une péréquation erronée à partir de son arrondissement.
Une estimation scientifique des victimes, à partir de monographies de villages, aurait été souhaitable dans les années 70-80, mais ne paraît plus possible. On ne peut pas nier les massacres, mais il faut se contenter de l’opinion de JM Jeanneney et Guy Pervillé : des milliers de massacrés, dont le bilan n’est pas chiffrable (4). Cette conclusion rejoint le jugement final de Daum, mais n’exclut pas ses erreurs de calcul.
Maurice Faivre, le 30 septembre 2015
(1) pension de 660 euros selon la loi de 2010
(2) 39.000 appelés ont servi en métropole, 123.000 (Terre) en Algérie, 10.900 dans les autres armes (7T134 à 136).
Noter que 25.000 h de la Force locale se sont ralliés avec armes et bagages à l’ALN début juillet 1962
(3)La harka W 817 comptait 80 harkis, auxquels s’ajoutent trois autodéfenses de villages (20 à 30 hommes). 52 harkis ont été rapatriés, qui ont identifié leurs 46 camarades tués par le FLN en août 1962, soit 42 % des effectifs. Resterait donc une dizaine de survivants, dont certains, rapatriés dans la région de Lyon, n’ont pas été suivis. Mais on n’a aucun témoignage sur d’anciens supplétifs restés dans leur douar. Il ne reste que les familles de ceux qui ont été tués.
(4) P.Daum a fait le 26 novembre 2015 un exposé au Cercle culturel algérien, animé par l’historien anticolonialiste Gilles Manceron. La majorité des auditeurs, d’origine algérienne, ont dénoncé les harkis comme des tortionnaires et des violeurs.