Commentaire du général Faivre sur le livre " Les derniers tabous : les Harkis restés en Algérie"
Le résultat n’est donc pas à la hauteur des ambitions. Si l’on additionne les résultats des 43 témoignages retenus, on obtient un total d’environ 800 "harkis" vivants encore dans 50 villages et environ 400 massacrés. Ce décompte est donc très partiel, car il y avait plus de 2.000 villages occupés par les SAS, les autodéfenses, les GMS et les harkas.
L’erreur initiale est de fonder son étude sur les 450.000 adultes ayant travaillé pour la France, sans distinguer les supplétifs et les réguliers, contrairement à l’ONAC d’Alger, qui ne compte que 10 % de supplétifs sur les 60.000 demandeurs de carte du combattant (1). L’erreur est donc sémantique, ces 450.000 adultes comptent d’avantage de soldats réguliers que de supplétifs : en mars 1962, il n’y avait plus que 78.000 supplétifs dont 1.030 ont déserté et 20.600 seront rapatriés ; il reste donc 56.000 harkis non rapatriés .
En revanche, 162.900 appelés (effectif cumulé) ont été démobilisés et ont regagné leurs villages (2), ainsi qu’une minorité des 26.000 engagés ; ils n’ont pas été massacrés. Les survivants déclarés par les témoins sont donc en majorité des réguliers, mais les victimes ont de grandes chances d’être des supplétifs.
L’auteur enfin démolit sa thèse (page 161) en estimant que 10 % des 450.000 adultes ayant travaillé avec la France ont été massacrés : 45.000, ce n’est pas un massacre négligeable.
La négation du massacre peut également être contredite par les archives des années 1960, et par les témoignages recueillis en métropole :