Comité de liaison (CLAN-R)

1961, année charnière ?- Michel LAGROT

samedi 4 février 2012

Ouvrant avant l’heure le bombardement médiatique dont nous sommes menacés pour le cinquantenaire de la mort de l’Algérie française, la chaîne FM France Culture a produit récemment une semaine d’émissions sous le titre « Algérie 1961, année charnière ». Elle n’a pas lésiné : trois heures chaque matin pendant cinq jours ! Chaque matinée comportant un volet « archives », un volet « débat », un volet « documentaire », le tout fort bien fait sur le plan technique, avec de gros moyens.

D’emblée les débats vont au fond du problème historique avec une édifiante affirmation de Wassila Tamzali : cette dernière, dont le père fut tué par le FLN, est connue par son livre, « Une éducation algérienne », passionnant retour sur l’itinéraire d’une intellectuelle militante du FLN dont l’unique et constant fil conducteur est une haine quasiment pathologique de la France et des Français. Laquelle déclare sans ambage que sa famille était parvenue au faîte des honneurs, du pouvoir et de la fortune, respectée de tous dans l’Algérie des Français, et que néanmoins, les Algériens eussent ils été tous dans cette situation, ils auraient été tous nationalistes.

En clair, les musulmans se sont révoltés, non parce qu’ils étaient pauvres ou opprimés, mais par ce qu’on ne peut appeler autrement que du racisme à l’état pur….. quel aveu ! Il est assez curieux de rapprocher ce propos des interviewes multiples de musulmans interrogés dans l’émission, dont pas un seul ne se montre hostile aux Français d’Algérie, même à l’époque, et même parmi des fellaghas prisonniers ; on entend même à l’occasion de franches déclarations de fraternité ! Serait ce cette haine qui ressemble à l’amour ?...

Autre aveu révélateur, et combien important : toutes les personnalités du FLN interrogées ( dont « Si »Azzedine ) confirment ce que Ben Bella avait clamé depuis longtemps : dans l’esprit des « fondateurs », les Européens n’avaient aucune place dans l’Algérie indépendante, et les déclarations contraires n’étaient que pour endormir l’opinion française.

Avis à ceux qui, de nos jours, prétendent imputer notre exode à des craintes irraisonnées ou à l’action de l’OAS ….. un de ces chefs fellagha fait, par ailleurs, une description complaisante des méthodes par lesquelles il recrutait ses combattants par l’intimidation et la menace dans des douars de montagne livrés à eux mêmes. On est loin du paradigme du peuple unanime en révolte spontanée contre ses oppresseurs !

Dans une de ses remarquables et très mesurées interventions, Boualem Sansal, qui supervisait les débats, observe d’ailleurs que le FLN s’est d’abord imposé par la violence.

La présence de cet écrivain a contribué à remettre de la chair et du sang dans cette histoire, par ailleurs déshumanisée par des historiens manifestement incapables ( c’est aussi une révélation de cette émission )
d’entrer dans la dimension humaine des évènements.

Il est vrai que les historiens présents étaient d’abord G.Meynier et R. Branche, idéologues d’une partialité caricaturale : la torture, bien sur, fut mise en épingle comme le fait principal de cette guerre, partant de trois références que sont D.Boupacha, D. Bouhired et H.Alleg ; or on sait que les deux Djemila n’ont jamais été torturées ailleurs que dans la péroraison de leurs avocats et dans la propagande du FLN. Quant à H.Alleg, jamais torturé lui non plus ( v. le témoignage à l’époque du Dr Michaux, médecin légiste ) il initia, sous l’égide du PCF, cette méthode érigeant en système de défense l’accusation de torture… avec le formidable succès que nous savons.

Et pour les supplices exercés par le FLN sur de parfaits innocents choisis comme tels, ce ne sont que des « exactions »…..

1961 Année Charnière ?

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