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ROGER BENMEBAREK : La promotion sociale en Algérie (1958-1962)
La « promotion sociale en Algérie », est un sujet plus important qu’il n’y paraît. On doit se demander s’ il n’ était pas le fond du problème algérien du temps de la présence française sur ce territoire. Il mérite de faire l’ objet des travaux de chercheurs et je crois même qu’il faut commencer par-là pour la compréhension de ce qui s’ est passé en Algérie. .
J’ interviens ici en témoin privilégié de cette politique, menée entre 1958 et 1962 par Michel Debré. J’y associe en premier, Nafissa Sid Cara, dont je fus le chef de cabinet et qui, Secrétaire d’ état auprès du Premier Ministre, était spécialement en charge des « affaires sociales musulmanes ». Je précise qu’ avec le terme « musulmanes », sa mission n’ avait aucune spécificité confessionnelle, mais faisait référence au statut personnel de la quasi-totalité de la population indigène d’Algérie.
Que représentait donc la promotion sociale en Algérie ? Je retiens une définition générale : la promotion sociale, c’ est l’ action qui favorise l’ accès d’ individus ou d’ un groupe d’ individus à une condition plus élevée, avec leur concours. ...
Il faut remarquer qu’ en Algérie, le besoin de promotion sociale est né avec la nécessité de restructuration de la société. En 1830, la société algérienne, après trois siècles de domination turque, n’ avait d’ ossature sociale, d’ administration et de bourgeoisie urbaine que turques. Dey et beys disparus, les populations, sédentaires et nomades, réparties entre villages indépendants comme en pays kabyle, ou ailleurs, en tribus et sous l’ autorité de grandes familles, restait un peuple essentiellement rural, morcelé et sans cadres intermédiaires.
Aussi, suppléer au manque de cadres a été la logique permanente de l’ Etat français dans l’ exercice de ses responsabilités en Algérie, dans tout domaine, plus spécialement et plus durablement, en zone rurale (cf. le régime des communes mixtes). L’ administrateur de commune mixte (plus tard, appelé administrateur des services civils), tel que l’ était mon père, depuis 1927, tel que moi-même je voulais être pour apporter ma part à mon pays natal, n’ avait pas d’ autre raison d’ exister dans le bled algérien, à la suite des « Bureaux arabes »......