Comité de liaison (CLAN-R)

Le Général François Meyer élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur par M. le Président Sarkozy

mercredi 18 avril 2012

Cinq jours plus tard, le 19 juillet, une nouvelle directive du gouvernement demandait à notre représentant en Algérie de mettre un terme au rapatriement des supplétifs musulmans de l’armée française alors que, là-bas, l’épuration se poursuivait.

Malgré les appels insistants du général de BREBISSON, le nouveau commandant supérieur en Algérie, horrifié par le sort réservé à d’anciens compagnons d’armes de l’armée française, le gouvernement reste inflexible. La France ne peut pas et ne veut pas accueillir de nouveaux Harkis.

Il faudra la générosité et l’humanité de Georges POMPIDOU, alors Premier ministre, pour que les transferts vers la France soient à nouveau autorisés à partir du mois de septembre 1962.

Combien de morts ? Combien de règlements de compte ? Combien de familles décimées pendant cet été sanglant ?

Malgré cela, les Harkis restèrent aussi fidèles au gouvernement français une fois rapatriés en France, qu’ils l’avaient été en Algérie. La fidélité et la loyauté des Harkis aura été exemplaire jusqu’au bout de leur terrible Odyssée.

Les Harkis vont accepter d’être parqués, parfois pendant plusieurs années, derrière les fils barbelés de camps comme celui de Rivesaltes, où j’ai tenu à me rendre et à me recueillir aujourd’hui.

Je profite d’ailleurs de la présence aujourd’hui de nombreux élus locaux pour dire que l’Etat participera bien évidemment au financement du Mémorial qui doit être élevé à Rivesaltes. Au-delà je proposerai la construction d’un monument national à Paris.

Après avoir sauvé vos hommes et leurs familles d’une mort presque certaine, vous auriez pu considérer, mon général, que vous aviez accompli votre devoir et que vous pouviez, la tête haute et la conscience sans tâche, continuer votre carrière dans l’armée, construire votre vie.

«  Laissez tomber tout ça » vous a même conseillé votre colonel dès votre retour à Saumur.

Vous n’en ferez jamais rien. Jamais vous n’avez abandonné ces hommes et ces femmes à leur sort.

Pendant des années, vous passez toutes vos permissions en Lozère où étaient groupés l’essentiel des Harkis que vous aviez commandés. Vous déployez alors des efforts inlassables pour leur trouver du travail et aider à leur intégration.

Là encore ils ont besoin de vous, car c’est encore une fois aux officiers qui leur ont sauvé la vie que les Harkis devront en partie leur intégration dans la société française.

L’Histoire avait lié vos destins, l’honneur a rendu ce lien indestructible.

Pendant des années, vous allez défendre la cause de ces soldats, vous allez devenir leur interprète auprès des autorités et parfois leur porte-parole.

C’est grâce à un engagement comme le vôtre que la France va prendre, peu à peu, conscience de sa dette à l’égard des Harkis.

Si la France a abandonné, puis oublié, pendant de longues années les Harkis, je veux rappeler, ici devant vous, que depuis bientôt dix ans, la République a entamé, à leur égard, un vrai travail de réhabilitation et de réparation.


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