Le Général François Meyer élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur par M. le Président Sarkozy
Jamais vous ne comprendrez les raisons de cette guerre mais, très vite, vous allez comprendre et aimer l’Algérie et le peuple algérien.
Depuis le début de ce que l’on appelle alors pudiquement « les événements », les effectifs de l’armée française ne suffisant pas à maintenir une présence armée dans tout le pays, des supplétifs algériens sont recrutés massivement.
Qu’ils appartiennent aux Groupes Mobiles de Sécurité (GMS) mis sur pied dès 1955, aux Sections Administratives Spécialisée de Soustelle (SAS), aux Groupes d’autodéfense (GAD) ou encore aux Commandos de Chasse du général Challe, tous ces hommes sont très vite désignés sous le nom qui restera le leur dans l’Histoire, ce sont les Harkis.
Oui, les Harkis, ces soldats qui, comme bien des Algériens avant eux, que ce soit en 1870, en 1914 ou en 1940, ont fait le choix de mourir pour la France.
Ce choix, ils l’ont fait parce qu’ils croyaient en la France.
Contrairement à ce qui a pu être dit pour les salir, les Harkis n’avaient pas rejoint l’armée française pour le simple attrait de la solde mais tout simplement par admiration, par amour, par respect de la France.
Souvent leurs pères ou même leurs grands-pères s’étaient battus aux côtés des soldats français. C’est le cas, par exemple, de la famille de Jeannette BOUGRAB.
Les Harkis croyaient en la France, à la fraternité des armes.
Ils n’imaginaient pas tourner les leurs contre le pays pour lequel des Algériens avaient versé leur sang sur les bords de la Marne ou sur les pentes du Mont-Cassin.
Le choix des Harkis fut un choix raisonné, un choix conscient, un choix courageux et, faut-il le dire ici, un choix hautement honorable puisque c’était le choix de la France.
Ces Harkis, mon général, vous furent confiés par l’armée française, dès votre arrivée. Depuis ce jour de mai 1958, vous ne les avez jamais abandonnés et cela malgré les ordres de cette même armée française.
Eux non plus ne vous ont jamais abandonné et, par deux fois, ils vous ont sauvé la vie.
Deux de vos hommes, dont vous aimez je le sais à rappeler le nom, les brigadiers KADDOUR et BELABED, n’hésiteront pas à s’exposer directement pour détourner le feu de l’adversaire qui vous avait pris pour cible.
Des soldats algériens s’interposant entre leur officier français et des balles algériennes pour lui sauver la vie au risque de perdre la leur, c’est cela l’honneur des Harkis ! C’est cela la vérité des Harkis.
C’est cette vérité que je suis venu dire ici, à Perpignan, pour qu’elle soit connue de tous.
Au mois de janvier 1960 vous créez le commando GRIFFON, composé de Spahis et de tirailleurs harkis, qui a pour mission de harceler les positions ennemies au cœur de la montagne. Mais très vite, le moral de vos hommes se dégrade.
En effet, les négociations directes entre le gouvernement français et le FLN, commencées au mois de juin 1961, ne laissent plus beaucoup d’illusions aux Harkis placés sous vos ordres. C’est à ce moment-là que vous vous engagez sur l’honneur à ne pas les abandonner.
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