Exposition photographique « Merci » sur les Champs-Elysées. Par le général d’armée (2s) Bertrand de Lapresle
Le 1er août 2014, le jour et à l’heure précis où sonnait, 100 ans plus tôt, le tocsin annonçant la mobilisation générale, le Ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et le Secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, Kader Arif, procédaient à l’inauguration d’une exposition créée et mise en scène par Jean-Claude Narcy.
L’exposition présente 100 photos, de la taille de grands panneaux publicitaires, de part et d’autre d’une allée piétonnière qui va du Rond-Point des Champs Elysées à la station de métro Champs-Elysées-Clémenceau. Une mention modestement signée Jean-Claude Narcy commente brièvement chaque photo.
Les principaux mécènes ayant contribué financièrement à la réalisation de cette exposition étaient invités à cette inauguration à laquelle j’ai donc participé au titre de l’Union des Blessés de la Face et de la Tête, (UBFT) et de la Fondation des Gueules Cassées.
Le carton d’invitation précisait notamment : « Cette exposition à travers 100 photos de femmes et d’hommes dans la Grande Guerre donne à réfléchir au prix de la Paix ».
Quelle ne fut pas ma surprise, puis mon indignation, vite mêlées de honte, de lire sur le premier panneau par lequel je commençais ma visite, en attendant l’arrivée des autorités, les trois premières lignes introductives suivantes :
"100 photos pour dire Merci à 10 millions d’êtres humains qui ont fait don de leurs vies (1) lors de la plus grande boucherie de l’histoire "
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Pensant aux Gueules Cassées de 1914-1918 que je venais en quelque sorte représenter à cette sorte de pèlerinage en images, « réfléchir au prix de la Paix », c’était pour moi rendre hommage à leur courage, à leur dévouement, à leur sens du devoir et du sacrifice, à la priorité qu’ils avaient accepté de donner à l’intérêt national sur leur destin personnel.
« Réfléchir au prix de la Paix », c’était se souvenir de cet élan d’unité nationale, de l’engagement de toute la Nation pour faire triompher ses valeurs multiséculaires, pour faire primer la Force sur la Violence, le Droit et la Liberté sur l’asservissement.
« Réfléchir au prix de la Paix » c’était pour moi chercher tous les moyens de développer dans notre Jeunesse ces mêmes valeurs de générosité, d’héroïsme, de désintéressement, et d’engagement.
Je pouvais alors souscrire à ce qu’écrit Kader Arif dans une fiche « Dossier du Centenaire » largement diffusée à l’ occasion de l’inauguration de cette exposition : « Aujourd’hui, c’est au nom de ce 1er août 1914 que nous avons le droit d’avoir de grandes ambitions pour la France et que nous avons le devoir de préserver l’héritage de paix pour lequel « ceux de 14 », nos aînés, sont tombés. »
Et voilà que l’introduction à cette exposition proposée aux visiteurs de tous âges, de tous milieux et de toutes origines, si nombreux à cette époque de l’année sur « la plus belle avenue du monde », celle qui a vu défiler nos soldats victorieux de 1918 puis de 1945, ne retenait de cette guerre que LA BOUCHERIE ! Nos soldats n’étaient pas morts pour la Patrie, dans l’Honneur, sur les Champs de Bataille, mais ils avaient été sacrifiés sur un étal de boucherie !!!
(1) Je note au passage l’impropriété du pluriel, chacun ayant fait le sacrifice de sa vie singulière.