Engagements de Nicolas Sarkozy auprès de la communauté Harkis
Sélection d’extraits...
" Mesdames et messieurs les Présidents d’associations, Mesdames et messieurs,
...........J’éprouve de la fierté et du respect, car c’est un rendez-vous avec l’honneur, avec des hommes qui se sont battus pour la France et pour ses idéaux. .... Citoyens français, vous l’êtes par le courage que vous avez montré dans la guerre d’Algérie, par le choix que vous avez fait en 1962 et par les épreuves que vous avez subies ensuite.
...........Je veux d’abord rendre hommage aux soldats que vous fûtes. A des soldats qui ont combattu avec vaillance et courage, aux côtés de l’armée française, contre la rébellion indépendantiste de 1954 à 1962. Harkis, Moghaznis, tirailleurs, spahis, membres des forces régulières ou des forces supplétives, des groupes mobiles de sécurité, des groupes d’autodéfense et des sections administratives spécialisées : vous êtes plus de 200.000 à avoir pris les armes pour la République et pour la France, pour défendre vos terres et pour protéger vos familles........
.....vous êtes des combattants français qui avez toujours fait le choix de la France. Vous avez donné votre courage à la patrie. Vous avez payé le prix du sang avant ou, hélas, après les accords de cessez-le-feu du 19 mars 1962. Vous avez aussi vécu difficilement, mais avec dignité et courage, les épreuves terribles et les difficultés de l’implantation en France, pour ceux d’entre vous qui ont eu la chance d’être rapatriés après 1962
...........Je souhaite, également, la création rapide d’une Fondation pour la mémoire sur la guerre d’Algérie. Les Harkis y ont toute leur place, avec les autres rapatriés. Dirigée par vous et pour vous, cette fondation aura vocation à mettre en lumière vos histoires, vos cultures, vos richesses. Une Fondation qui puisse participer au financement d’événements, d’ouvrages, de films mais aussi à l’attribution de prix ou de bourses. ........
.......Pour les Harkis et leurs familles, les accords d’Evian en mars 1962 ont marqué la fin des hostilités militaires, mais pas la fin des souffrances. ... Entre les accords d’Evian en mars et l’indépendance algérienne en juillet 1962, l’Algérie a vécu une période de semi-anarchie au cours de laquelle de nombreuses et barbares exactions furent commises contre les supposés ennemis de la patrie algérienne. Plusieurs milliers de Harkis ont été massacrés, au mépris des accords d’Evian.
.......Face à ces menaces et ces exactions, près d’un million de Français musulmans ont cherché à se placer sous la protection de l’armée française pour demander le rapatriement en métropole. En l’absence de plan d’évacuation ou, il faut le dire, de volonté politique, seuls 10% d’entre eux purent s’établir en France entre 1962 et 1968.
.......Le premier devoir, c’est la vérité. ....... Les Harkis ne sauraient demeurer les oubliés d’une histoire enfouie. Ils doivent désormais prendre toute leur place dans notre mémoire. ........Ne laissons pas l’oubli recouvrir la mort et les douleurs du passé ! Ne sacrifions pas une nouvelle fois les Harkis !.
...........Si je suis élu, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre de Harkis et d’autres milliers de ’’musulmans français’’ qui lui avaient fait confiance, afin que l’oubli ne les assassine pas une nouvelle fois.
............Vos familles ont vécu le déracinement. ...Je sais l’accueil souvent indigne que vous avez reçu. La plupart d’entre vous ont vécu dans des situations de précarité et parfois d’extrême détresse, dans des camps de transit, dans des centres d’accueil, dans des hameaux de forestage ....
.......Il faut aujourd’hui réparer les erreurs qui ont été commises. Personne ne peut plus contester les difficultés de vie dans ces camps. Les conséquences en sont encore visibles aujourd’hui. Les jeunes ont particulièrement souffert, victimes de l’installation trop précaire de leurs parents. Leur scolarité, leur formation se sont déroulées dans des conditions particulièrement difficiles, qui sont encore à l’origine de handicaps importants
.............De très nombreux enfants de Harkis ont réussi, j’en ai la preuve vivante devant moi aujourd’hui. Ils ont réussi par leurs efforts, ils ont réussi grâce à l’environnement familial et aux sacrifices consentis par leurs parents.
.......Le rappeler, valoriser ces réussites et ces parfaites intégrations, ce n’est pas sous-estimer les difficultés que nombre d’entre vous rencontrent encore. C’est donner une image des Harkis et de leur famille qui soit une image digne et responsable de citoyens français qui rencontrent des épreuves mais qui savent y faire face...... Je tiens aussi à saluer vos épouses qui, discrètement, ont su assurer les équilibres familiaux.
.......Je ne peux achever mon propos sans évoquer l’Algérie, pays que je connais bien et dans lequel je me rends régulièrement à l’invitation de ses dirigeants.............L’Algérie et la France : deux destins communs. .............
.......Face à ce ’’passé qui ne passe pas’’, il faudra bien un jour regarder les choses en face, les décrire avec leurs ombres et leurs lumières. ........Le travail de mémoire est douloureux pour chaque peuple, il ne faut pas le brusquer, il appelle à des efforts réciproques. ........S’il ne faut pas oublier le passé, si nous avons un devoir de mémoire et de reconnaissance, je suis hostile à la repentance systématique. Il faut arrêter de demander à la France d’expier son passé, de demander aux enfants de se repentir des fautes des pères, de réécrire l’histoire avec les préjugés d’aujourd’hui, de nourrir la honte d’être Français au lieu de chercher les raisons d’en être fier.
............Aujourd’hui, le mot harki doit être un terme de fierté et de respect, un terme honoré par l’ensemble des citoyens français. Il doit l’être car il est porté par des citoyens français qui ont donné leur sang pour cela. Oui, être harki aujourd’hui c’est pouvoir dire : "je suis Français par le choix et par le sang".
Nicolas Sarkozy
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