Discours de M. Jacques Chirac le 25 Septembre 2001
Extraits :
".....................C’est un rendez-vous avec notre histoire. Une histoire mal connue, une histoire douloureuse et souvent déformée. Une histoire qu’il importe aujourd’hui de rappeler aux Français, parce qu’elle exprime la souffrance d’hommes qui ont aimé notre patrie. ......Le travail de deuil, indispensable, ne doit en aucun cas être synonyme d’oubli. ...........
Nous devons hommage et fidélité aux combattants qui ont lutté, et parfois donné leur vie pour la France. Harkis, Moghaznis, tirailleurs, spahis, membres des forces régulières ou des forces supplétives, des groupes mobiles de sécurité, des groupes d’autodéfense et des sections administratives spécialisées : ils sont plus de 200 000 à avoir pris les armes pour la République et pour la France, pour défendre leurs terres et pour protéger leurs familles. ..........Notre hommage s’adresse aussi aux personnels civils, aux responsables administratifs et politiques, aux nombreux musulmans qui ont tant sacrifié à leur engagement au service de la République, au point d’y avoir parfois trouvé la mort...........
Notre souvenir va enfin à l’ensemble des hommes, des femmes, et hélas aussi des enfants qui ont péri en Algérie, victimes de la guerre et de la haine. De ces années tragiques, rien ne peut s’effacer. Pour les populations civiles, le 19 mars 1962 a marqué la fin des hostilités militaires, mais pas la fin des souffrances. D’autres épreuves, d’autres massacres sont venus s’ajouter aux peines endurées pendant plus de sept ans. Qu’elles soient tombées avant ou après le cessez-le-feu, nous devons à toutes les victimes l’hommage du souvenir. Oublier une partie d’entre elles, ce serait les trahir toutes. ............
C’est pour la France une question de dignité et de fidélité. La République ne laissera pas l’injure raviver les douleurs du passé. Elle ne laissera pas l’abandon s’ajouter au sacrifice. Elle ne laissera pas l’oubli recouvrir la mort et la souffrance. Puisse ce 25 septembre témoigner de la gratitude indéfectible de la France envers ses enfants meurtris par l’histoire !
.....Ce devoir de vérité et de reconnaissance est pour le Président de la République et pour le chef des armées une obligation impérieuse, une dette d’honneur. Engagé comme vous dans le conflit algérien, je sais l’aide que vous avez apportée à la France. Je comprends le sentiment d’abandon et d’injustice que vous avez pu éprouver. Et je partage votre amertume devant certaines attitudes et certains propos. Sachez que je les condamne fermement.
Notre premier devoir, c’est la vérité. Les anciens des forces supplétives, les Harkis et leurs familles, ont été les victimes d’une terrible tragédie. Les massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours l’empreinte irréparable de la barbarie. Ils doivent être reconnus.
La France, en quittant le sol algérien, n’a pas su les empêcher. Elle n’a pas su sauver ses enfants.
...Ce devoir de vérité trouve son prolongement naturel dans un devoir de reconnaissance.....
Sans doute une France profondément marquée et divisée par le conflit algérien n’était-elle pas préparée à l’accueil des rapatriés. Mais il faut aujourd’hui réparer les erreurs qui ont été commises. Alors que tout dans notre tradition républicaine refuse le système des communautés, on a fait à l’époque, dans l’urgence, le choix de la séparation et de l’isolement.
Comme je l’ai toujours fait, je veillerai à ce que les Harkis et leurs enfants aient toute leur place dans notre communauté nationale. C’est un devoir républicain. ............"
Intégralité du discours de M. Jacques Chirac :
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