Comité de liaison (CLAN-R)

Convention de partenariat entre la France et l’Algérie-Question de M. Thierry Mariani

vendredi 12 février 2010

Questions au Gouvernement

M. le président . La parole est à M. Thierry Mariani, pour le groupe de l’Union pour un mouvement populaire.

M. Thierry Mariani. Monsieur le président, ma question s’adresse à M. le secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants.

La presse s’est fait l’écho de la proposition de loi de 125 députés algériens (Exclamations sur les bancs du groupe GDR) selon laquelle le Parlement algérien envisagerait d’adopter une loi criminalisant le colonialisme français de 1830 à 1962, de juger les responsables coloniaux et de les poursuivre devant des tribunaux internationaux. (Exclamations sur les bancs du groupe GDR.)

M. Maxime Gremetz. Un peu de décence, monsieur Mariani !

M. Thierry Mariani. Je suis tout de même très surpris de votre attitude. Cela devrait aussi vous
choquer parce que vous êtes Français comme nous !(Applaudissements les bancs du groupe UMP. – Protestations sur les bancs du groupe GDR.)

Monsieur le secrétaire d’État, cette initiative scandalise nos concitoyens, qui ne la comprennent pas. Si elle devait se confirmer, elle porterait un coup aussi rude qu’inattendu à la relation partenariale que nous développons sans cesse plus étroitement entre nos deux pays.

Pour des raisons que l’on a du mal à comprendre, certains veulent stigmatiser la France. Ce sont, encore une fois, nos compatriotes rapatriés qui sont attaqués et blessés, eux qui ont vécu aux côtés du peuple algérien jusqu’en 1962 (Protestations sur les bancs du groupe GDR)

M. Maxime Gremetz. Arrêtez ! C’est scandaleux !

M. le président. Je vous en prie, monsieur Gremetz !

M. Thierry Mariani. …une relation infiniment plus complexe et riche qui ne se réduit pas au stéréotype du colonialisme. Encore une fois, c’est l’armée française que l’on veut salir. (« Oh ! » sur les bancs du groupe GDR.) Encore une fois, ce sont les Harkis que l’on méprise et que l’on injurie. (Protestations sur les bancs du groupe GDR.)

Monsieur le secrétaire d’État, ce matin, notre assemblée a fait preuve de responsabilité en choisissant d’ignorer cette provocation pour poursuivre l’oeuvre indispensable de rapprochement et de coopération entre la France et l’Algérie. Mais nous avons besoin d’être rassurés, monsieur le secrétaire d’État, sur les intentions des autorités algériennes et surtout sur la détermination du gouvernement de la France à faire en sorte que la question de la Mémoire ne soit jamais sacrifiée au processus de réconciliation.

Comment le Gouvernement entend-il travailler à l’indispensable réconciliation des mémoires ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur quelques bancs du groupe NC.)

M. le président. La parole est à M. Hubert Falco, secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants.

M. Hubert Falco, secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants. Monsieur le député, Thierry Mariani, cette initiative portée par 125 députés algériens est particulièrement inquiétante et
incompréhensible – et vous l’avez souligné – alors que l’Assemblée nationale vient de voter, ce matin, la ratification de la convention de partenariat entre nos deux pays.

Mesdames, messieurs les députés, il s’agit d’une proposition de loi qui n’a pas été débattue par l’Assemblée algérienne (« Ah ! » sur les bancs du groupe GDR) et sur laquelle le gouvernement algérien ne s’est pas prononcé.

M. Maxime Gremetz. Voilà, monsieur Mariani ! vous n’y connaissez rien ! Il faut vous enlever le micro !

M. Hubert Falco, secrétaire d’État. Il faut donc se garder de tout procès d’intention à l’égard des autorités algériennes, qui ne sauraient cautionner une charge anti-française aussi outrancière, profondément blessante, insultante pour nos compatriotes rapatriés et pour notre Mémoire nationale.

M. Pierre Gosnat. Envoyez les troupes !

M. Hubert Falco, secrétaire d’État. Plus que jamais, mesdames, messieurs les députés, cette initiative profondément regrettable renforce ma détermination pour oeuvrer à la réconciliation des
mémoires, non par le silence qui voudrait bâtir la réconciliation sur l’oubli des drames des Harkis ou des Rapatriés ou sur la repentance, mais par le travail de mémoire et l’exigence de vérité !

Plus que jamais, monsieur le député, j’ai la conviction que la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie, dont je vous ai annoncé la création, est l’outil indépendant dont nous avons besoin, ici, comme de part et d’autre de la Méditerranée, pour parcourir ensemble ce chemin de mémoire, celui de toutes les mémoires, qui n’occulte aucune mémoire ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

Séance du mardi 9 février 2010

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