Comité de liaison (CLAN-R)

Robert MILLER : Les Etats Unis et la guerre d Algérie , le tournant du discours de JF Kennedy en 1957

lundi 21 février 2011

Kennedy voulant accroitre sa légitimité en politique étrangère s’en prenait principalement à la position assez ambiguë du gouvernement américain envers les aspirations des nationalistes algériens. Une longue et méticuleuse préparation par son équipe de chercheurs, qui se mit au travail dès sa nomination à la commission des affaires étrangères en janvier, devait déboucher sur une rencontre privée avec Mohammed Yazid et Abdelkader Chanderli.

Depuis qu’Aït Ahmed avait été arrêté avec Ben Bella, Yazid était devenu le porte-parole du FLN à New York avec Chanderli. Kennedy aura plusieurs rencontres avec Chanderli plus tard et il sera le « porte-parole » privilegié et discret du FLN et ensuite du GPRA. L’action du FLN dans le domaine de la propagande était considérable avec de nombreux envois de notes et informations par le courrier et des publicités dans la presse.

Pendant ce temps la bataille d’Alger faisait rage depuis la fin de 1956 et le début de janvier 1957 lorsque les paras du général Massu, ayant reçu l’ordre de Robert Lacoste, ont pris l’initiative des opérations en brisant la grève et en mettant fin aux grands attentats à la bombe, dans la ville et surtout dans la Casbah. Les nombreux récits de torture et d’autres brutalités ont commencé à paraître à ce moment-là donnant lieu à une série de batailles de propagande dans la presse américaine. Il est intéressant de noter que le célèbre magazine illustré Life se disait peu favorable au colonialisme malgré les opinions conservatrices de son éditeur Henry Luce, proche du président Eisenhower.

Au mois de mai au moment de la chute du gouvernement présidé par Guy Mollet, on apprend l’horreur du massacre de Melouza qui fit des centaines de morts parmi les civils musulmans. Yazid ainsi que l’agence TASS utilisèrent cette tuerie à des fins de propagande alors qu’il s’agissait en fait, on le saura plus tard, d’une lutte interne et d’un règlement de comptes entre le FLN et le MNA de Messali Hadj.

Le gouvernement américain entretenait de bonnes relations avec Tunis et Rabat et devait garder le contact en Algérie, d’où ses contacts avec le FLN et ses représentants surtout dans ce contexte de guerre froide pour s’assurer que les algériens ne tombent pas sous l’influence soviétique ou même chinoise

Lors d’un important débat sur le problème algérien aux Nations Unies en février 1957 la délégation française dirigée par Christian Pineau, ministre des affaires étrangères comprenait aussi Jacques Soustelle, ancien gouverneur général, et Edmond Michelet, tous deux gaullistes et anciens résistants. Pineau fit un discours de quatre heures qui se terminera par la résolution 1012 jugée moins mauvaise que prévu.


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