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RENE MAYER : Les Juifs en Algérie et le "Décret Cremieux"
En résumé, alignant leurs positions sur celles des Juifs de France, les autorités religieuses régissant les Juifs d’Algérie ont considéré que, malgré les graves modifications qu’un tel changement de statut apporterait à la constitution de la famille et au partage des successions, la citoyenneté française était parfaitement compatible avec les dogmes de la religion juive.
L’accès à cette citoyenneté qu’ils réclamaient depuis la conquête de 1830, leur a été une première fois offerte en 1865, s’ils la demandaient à titre individuel. La communauté juive a alors revendiqué sa complète assimilation. Napoléon III était disposé à la leur accorder. Dans les circonstances dramatiques de 1870, ce furent des hommes qu’on peut considérer comme "de gauche" qui leur donnèrent satisfaction.
La citoyenneté française a également été offerte aux musulmans algériens. Une première fois en 1865, en même temps qu’aux Juifs et dans des conditions parfaitement identiques à celles qui ont été le même jour offertes à ceux-ci. Puis une seconde fois, d’une manière plus spécifique, en 1919. Les musulmans ont alors été les seuls bénéficiaires de la mesure puisque, pour les Juifs, c’était fait.
A chaque fois cette offre s’est heurtée à un obstacle dirimant : elle était subordonnée à l’abandon du statut personnel musulman. Ce statut a été considéré par les musulmans algériens comme un dogme intangible, incompatible avec le Code civil français. Ce dernier serait-il donc si mauvais ? Serait-il pire que l’actuel Code de la famille algérien qui est, lui, jugé conforme au Coran ?
En tout cas, il est certain que si, des trois réformes de 1865, 1870 et 1919, il est résulté une différence de traitement entre juifs et musulmans algériens, celle-ci ne doit rien à un prétendu "favoritisme" dont les Juifs auraient "bénéficié". Ni à une quelconque connivence entre Juifs algériens et un Juif français. Elle tient exclusivement aux réponses divergentes qui furent apportées par les deux communautés à l’offre commune qui leur a été présentée............
Chacun peut ainsi à sa guise et suivant son imagination, réécrire l’Histoire des relations entre la France et l’Algérie. Mais ce que personne n’a le droit de faire, c’est d’accuser les Juifs algériens d’avoir bénéficié d’un quelconque favoritisme ni d’avoir profité d’une connivence avec un coreligionnaire Garde des Sceaux pour obtenir un privilège qui aurait été injustement refusé à leurs compatriotes musulmans.
La nationalité française, ils l’ont voulue très fort. Ils en ont accepté les conditions. Par la place qu’ils ont prise ensuite, de 1914 à 1918, dans la défense de leur pays, puis de 1943 à 1945 dans la Libération de la France au sein de l’Armée d’Afrique, autant que par celle qu’ils occupent actuellement,[au sein de l’élite française, ils l’ont depuis amplement méritée.
René MAYER
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