Lettre ouverte du Président de la FARAC à Monsieur Denis Bousson
Savez-vous vraiment ce qui s’est passé après ce fameux 19 mars 1962 ? Un « cessez-le-feu », dites-vous ? Quel cessez-le-feu ? Fait historique : il y a eu plus de morts en Algérie APRES le 19 mars qu’AVANT. Pour votre gouverne, vous trouverez en annexe l’argumentaire édité par la Farac, intitulé à dessein « Pourquoi nous refusons le 19 mars ».
L’équité démocratique et votre devoir d’informer vos administrés devraient vous inciter à le publier dans votre bulletin municipal, ainsi d’ailleurs que la présente lettre et bien entendu, enfin ! VOTRE réponse officielle, plus élaborée que le verbiage d’une conversation téléphonique privée. Les Désidériens auraient ainsi toute faculté de juger par eux-mêmes.
Savez-vous que la FNACA associait auparavant à la date du 19 mars 1962 la formulation « fin de la guerre d’Algérie » et que devant les protestations soulevées par ce mépris caractérisé du fait historique, faisant preuve de plus de subtilité, elle s’est rabattue sur l’expression plus passe-partout de « cessez-le-feu ». Mais encore une fois, quel « cessez-le-feu » ? Pour qu’il en fût ainsi, il eùt fallu son observation stricte des deux parties.
Certes, aux termes de prétendus « accords » signés la veille à Evian entre les représentants du Chef de l’Etat français et les émissaires du FLN, les unités françaises ont cessé de traquer les derniers rebelles épars dans les djebels et se sont regroupés dans leurs bases, abandonnant ainsi le terrain qu’elles contrôlaient totalement.
Mais justement, quelle aubaine pour l’organisation FLN confinée hors des frontières algériennes qui recevait sur les bords du lac Leman un véritable permis de massacrer ! Comme vous ne le savez peut-être pas, elle ne se priva pas d’en user sans modération. Elle fit déferler ses bandes qui ne pouvaient plus depuis des mois franchir les barrages frontaliers et comme toujours en pareil cas – nous l’avons vu en 1944 à la Libération – les « résistants » de la dernière heure mirent d’autant plus d’énergie à rattraper le temps perdu qu’ils ne rencontraient plus aucun danger.
Le résultat, vous semblez l’ignorer : plusieurs dizaines et probablement centaines de milliers de victimes de leurs tueries et de leurs vengeances sur les familles musulmanes qui avaient cru en la parole de la France, mais aussi sur nos compatriotes européens enlevés et assassinés par milliers, comme par exemple, lors de l’épouvantable massacre du 5 juillet 1962 à Oran, ces centaines d’Oranais que le commandement français refusa de protéger en exécutant scrupuleusement les ordres de son gouvernement.
Cela s’appelle non assistance à population en danger. Avez-vous songé à le rappeler dans votre discours du 10 octobre dernier ?
Encore deux questions, Monsieur le Maire. Le communiqué de la mairie annonçant l’inauguration est ainsi libellé : « Monsieur le Maire et la Municipalité de Saint-Didier-au-Mont-d’Or ainsi que la FNACA du Rhône vous invitent, au titre du Devoir de Mémoire, à l’inauguration de « l’Allée du 19 mars 62-cessez-le-feu-en Algérie » […] en présence des autorités civiles, militaires et religieuses. »
Confirmez-vous que votre « Devoir de Mémoire » s’arrête bien au matin du sinistre 19 mars ?
De quelles « autorités » parlez-vous ? La Farac s’est, bien entendu, renseignée sur les éventuelles autorités préfectorales et militaires présentes. Elle n’en a trouvé aucune pour la simple raison que vous ne les avez point invitées. Quant au député de votre circonscription, il n’y était pas non plus et pour la même raison. Auriez-vous, par pudeur, limité finalement l’ampleur de cette manifestation ?
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération.
Général de division (2s) François Lescel
président du conseil d’administration de la Farac
Courrier à adresser à :
Cercle de Garnison
Quartier Général Frère
69998 LYON ARMEES
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