Lettre à Monsieur le maire de Boulogne sur Gesse
BOULOGNE-SUR-GESSE |
Après avoir envoyé un courrier au Principal du Collège de Boulogne-sur-Gesse le 22 janvier, le Président du CLAN, en date du 28 février, s’est adressé au Maire de cette commune dans les termes qui suivent :
Paris, le 28 février 2009
Monsieur Pierre MEDEVIELLE
Maire de Boulogne-sur-Gesse
MONSIEUR LE MAIRE Le 19 mars prochain - présenté comme jour anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie - le collège de votre commune a prévu, avec le concours d’une association d’Anciens combattants, la présentation d’une exposition et l’intervention, devant les élèves de l’établissement, de deux conférenciers.|
Le maintien de ces manifestations commémoratives visant à « célèbrer » le 19 mars 1962 ne manque pas de nous étonner car, par un courrier du 22 janvier dernier, dont vous trouverez ci-joint copie, le Principal du collège avait été parfaitement informé de la portée de la décision qu’il avait prise, portée qu’ à ce moment-là, il pouvait n’avoir pas encore tout à fait perçue.
En n’annulant pas ce qui avait été prévu, le Collège court ainsi sciemment le risque de porter gravement atteinte à la Mémoire de centaines de milliers de personnes pour lesquelles le 19 mars 1962 marque le début d’horribles souffrances, comme nous le précisions dans la lettre sus-mentionnée.
En tant que président de la plus importante fédération de Rapatriés d’Outre-Mer, il est de mon devoir d’attirer votre attention sur la gravité des célébrations qui se préparent en votre commune.
Assuré que vous prendrez toute la mesure de cette situation, et confiant dans vos décisions, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération la plus distinguée.
Denis FADDA
Président
le 22 janvier 2009
MONSIEUR LE PRINCIPAL Votre établissement semble avoir retenu le 19 mars 1962 comme une date importante de l’Histoire de France puisque nous savons qu’elle va faire l’objet d’une commémoration.
Au nom de tous ceux qui ont particulièrement souffert à partir du 19 mars 1962, nous nous devons de vous faire savoir ce qu’a été cette date.
Le 19 mars 1962, pour tous les jeunes Français qui faisaient leur service militaire à ce moment-là en Algérie, cette date a marqué la fin de leur engagement et on peut, éventuellement, concevoir qu’elle constitue pour eux un bon souvenir. En revanche, pour des centaines de milliers d’hommes et de femmes vivant alors sur cette terre, le 19 mars a marqué le début de l’une de ces périodes les plus affreuses qu’il peut être donné à un être humain de connaître.
Dès le soir de ce jour qui était supposé être celui du cessez-le-feu, a commencé le massacre des Harkis désarmés par la France. En quelques mois, ils ont été environ cent cinquante mille à être tués dans les conditions les plus horribles ; très souvent les membres de leur famille l’ont été avec eux. Dans les semaines qui ont suivi cette date, les enlévements et les massacres de personnes de toutes confessions se sont multipliés, pour culminer le 5 juillet 1962 à Oran. A ce jour environ 3000 personnes sont encore portées disparues. Leurs enfants ne connaîtront jamais le sort qui leur a été réservé ; certains les attendent toujours.
J’espère que ces quelques éléments purement factuels seront portés à la connaissance de vos élèves, afin qu’en toute objectivité ils sachent que, par respect pour tant de leurs compatriotes musulmans, juifs ou chrétiens, cette date du 19 mars ne peut être commémorée.
Notre fédération est toute disposée à envoyer dans votre établissement le 19 mars prochain, pour un exposé devant vos élèves, l’un de ces Français qui ont vécu ces heures tragiques. Faites-nous savoir si vous vous opposez à sa présence. »
Maison des Rapatriés - 7, rue Pierre Girard - 75019 - Paris
Tel : 01.42.03.23.58
clanr@orange.fr
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