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Jocelyne Mas nous raconte "La clémentine"...
Mais un moine du couvent Frère Clément avait remarqué un arbre ressemblant à un oranger qui poussait, seul et rabougri, sur une butte. Ses fruits ressemblaient à des oranges mais étaient petits et très amers et n’étaient pas comestibles. C’était un bigaradier. Fier et seul sur sa butte. Le Frère Clément, passionné d’arboriculture avait lu dans ses livres qu’avec les fruits du bigaradier on pouvait fabriquer une liqueur : le Curaçao et aussi un produit utilisé en pharmacie l’essence de Néroli. Aidé par ses jardiniers qui eux étaient nés à Valence en Espagne et, de ce fait, la culture des agrumes n’avait aucun secret pour eux, il entreprit de faire de ce verger un exemple pour tout le pays.
Ces arbres deviennent leurs enfants : ils les soignent avec amour, les taillent, les redressent en appliquant des tuteurs à leurs troncs encore fragiles. Ils veillent à aérer la terre autour de leur pied, y mettent du fumier, des engrais naturel, gainent leurs troncs de chaux blanche pour les fortifier et éloigner les insectes. Bref ! Ils les aiment.
Trouves-tu que c’est étrange d’aimer un arbre ? demandais-je à Clémentine qui m’écoutait attentivement, bouche bée.
Comme elle ne répondait pas, je repris : Non, ce n’est pas étrange ! Quand tu aimes un arbre, que tu le soignes, alors il te donnera les plus beaux fruits de la terre pour te remercier.
Dans ce pays l’eau est très rare mais les arbres ont besoin d’eau pour grandir, alors nos jardiniers recueillaient l’eau de pluie et creusaient des rigoles où cette eau si précieuse coulait le soir à la tombée de la nuit. Car en pleine journée, elle se serait évaporée tout de suite et n’aurait pas eu le temps de nourrir les racines.
Frère Clément se promène dans son verger, fier du travail de ses jardiniers mais il est quand même triste parce que le bigaradier reste seul, fier et sauvage sur sa butte. Aussi, un matin il a une idée : il va créer un nouveau fruit ! Il n’est pas bavard mais c’est un magicien ! Un fruit qui ne sera ni un citron acide, ni une orange amère, mais un fruit doux comme le miel, odorant et de couleur aussi cuivrée qu’un abricot bien mûr.
Et tout le monde se met au travail : les jardiniers, sans relâche, greffent, bouturent, transfèrent le pollen d’un arbre à un autre pour féconder les bigaradiers avec le pollen des mandariniers. Ils travaillèrent ainsi pendant quatre ans, se désolèrent parfois mais ils continuèrent leurs travaux et au bout de quatre années, un jour le miracle se produisit.
Ils obtinrent un fruit divin, rond, doux à souhait, une peau si fine et odorante : bref un régal. Ce fruit prit le nom de Mandarinette.
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