GILLES BONNIER-DES MORTS POUR LA FRANCE OUBLIES DEPUIS 50 ANS
Par ailleurs, en parallèle, les Pouvoirs Publics, les historiens, les media, l’Education nationale, dans leur travail de mémoire ou d’Histoire, rendent maintenant régulièrement hommage aux soldats « indigènes » et rappellent leur sacrifice. Ce n’est bien sûr que justice. Cependant, dans une perspective dite contemporaine, ils assimilent souvent ces soldats de l’ancien Empire français aux ressortissants des Etats nés des indépendances des années 50 et 60, au point même de considérer ou de laisser penser que ces soldats se sont battus pour aider la France sous le drapeau des pays actuels. Ce qui donne, par exemple, pour la Grande Guerre, 72 pays considérés comme belligérants...
Ce parti pris - par souci de simplification ou pour d’autres considérations plus contestables - conduit souvent ces passeurs de mémoire à tomber dans le piège de l’anachronisme voire de la déformation historique, en oubliant - ou occultant - les soldats et les Morts pour la France, d’origine européenne, issus de l’ancien Empire ou des départements français, comme ceux de l’Algérie de l’époque : en particulier les Pieds-noirs, qui représentent la plus grande partie de ces Français installés Outre-mer sur plusieurs générations, et qui ont, avant et pendant les deux guerres mondiales, payé régulièrement et loyalement un lourd tribut à la défense et à la libération de la France. Leur engagement et leur sacrifice au sein des régiments de l’ancienne Armée d’Afrique puis de la 1ère Armée française ont d’ailleurs été largement reconnus par nos Alliés et par leurs frères d’arme métropolitains.
Pourquoi ignorer ou briser aujourd’hui la fraternité des armes à laquelle ces combattants de toutes origines étaient si attachés ?
On ne saurait accepter une telle hémiplégie historique et mémorielle. La réalité ne doit pas être occultée ainsi, quand bien même devrait-elle déranger des idées reçues ou heurter certains orgueils nationaux mal placés.
Il est impératif en cette année 2014, année de commémoration du début de la Grande Guerre ainsi que du Débarquement de Provence et de la Libération de la France, de rendre justice à ces dizaines de milliers de soldats oubliés, qui ont pourtant combattu aux côtés de leurs frères d’armes sur les même théâtres d’opération et dont nombre d’entre eux ont donné leur vie pour la France.
Gilles Bonnier
9 novembre 2013
fr Histoire et mémoires 5- L’Armée d’Afrique ?