Georges Clément- Mélancolie
Mélancolie…
La mélancolie n’est pas la nostalgie, elle est le sentiment de ce qui fut, qui pourrait avoir été contre ce qui est.
Elle est la sourde douleur que la pluie engendre, un jour de Toussaints, quand le soleil d’été brillait si fort il y a peu.
Elle est l’âpre saveur que la peau d’une femme qu’on aime réveille quand, l’âge venu, fait qu’on n’est plus celui qu’on fut.
Elle est aussi l’épine du regret quand renait l’enfance dans un corps fatigué qui ne peut plus l’héberger quand cœur et esprit l’appellent.
Ce n’est pas la douleur du temps passé mais celle de celui qu’on fut et qu’on demeure dans une chair flétrie ; c’est l’être qui persiste sous la dure loi du temps qui passe ; c’est le divorce du corps et de l’âme, du corps et du cœur, de soi d’avec soi.
Et bien, ce matin de brume et de crachin, cette matinée de chagrin qui suinte entre des arbres mornes, cette journée sans bruit et sans couleur du 1re novembre me fait souvenir d’un premier novembre ancien, soixante quatre ans plus tôt, où le petit garçon de 10 ans que j’étais regardait sa montagne tutélaire en sentant ses parents et grands-parents préoccupés.
Cette pâleur méditerranéenne ne payait pas de mine, mais elle était la lame qui défaisait l’histoire, qui révélait l’affaissement de la France et notre futur exil.
Aujourd’hui, l’homme âgé contemple la pluie qui ne lave pas l’infamie des peuples qui se cachent derrière le « bien » pour ne pas combattre le Mal.
Ô Dieu qui nous fit ! Comment nommer le péché de ceux qui doivent vous servir et qui s’abritent derrière des bribes de mots tirés des évangiles pour abandonner leurs enfants au Mal ?
Il y a soixante ans, au moins nous sommes nous battus ! Il y a pire qu’une défaite : le refus du combat.
Le châtiment rôde pour une France pécheresse. Ce châtiment ne lui sera pas épargné, mais elle peut retrouver l’honneur en nommant ses anciennes lâchetés.
Après, advienne que pourra !
Georges Clément
Breteuil, 1re novembre 2018
fr Communication Le CLAN-R diffuse ?