Editorial Novembre 2007
LA PAGE N’EST PAS TOURNEE
En présence de quelque 8 000 personnes, le Mur des Disparus a été inauguré le 25 novembre à Perpignan, dans l’émotion et le recueillement. Ceux et celles qui ont disparu en Algérie entre 1954 et 1963 ont enfin un lieu qui les reconnaît.
Mais cela nous le devons à une initiative privée, celle du Cercle algérianiste. Pourquoi l’Etat ne l’ avait-il pas fait ? Pourquoi l’opinion publique - si l’on en juge à travers la presse - marque-t-elle tant d’indifférence, voire d’hostilité, à l’égard de ce terrible drame que constituent ces enlèvements ? Qui ignore, dans notre pays, les disparitions d’Argentine, du Chili ou d’Uruguay et le cortège de souffrances qu’elles ont impliquées – souffrance des victimes et souffrance des familles ? Qui n’a entendu parler des « mères de la place de mai », de ces mères qui chaque semaine hurlaient leur douleur, réclamaient de savoir ?
Pourquoi ce silence assourdissant autour des personnes disparues en Algérie entre 1954 et 1963 ? Les victimes et leurs familles n’ont-elles pas droit, comme tout être humain à la compassion ? Le martyre des unes et la douleur des autres qui ne savent toujours rien, qui n’ont pas le droit de savoir, ne bouleversent-ils vraiment aucune conscience ?
Car les familles ne savent toujours rien des circonstances des disparitions et du sort de ceux et celles qui ont été enlevés.
Il est grand temps que la France contribue à faire la lumière sur les faits, sur la disparition de ceux dont les noms sont désormais gravés comme sur celles dont les noms ne le sont pas, et nous pensons, évidemment, à ces dizaines de milliers de Harkis et aux membres de leurs familles, ensemble enfermés dans une chape d’oubli. Notre pays a le devoir de le faire. A l’égard des familles éprouvées, à l’égard de tout un peuple qui doit accomplir son travail de Mémoire, il a une obligation de vérité ; cette vérité qui seule permettra l’apaisement.
Denis Fadda
Site réalisé avec SPIP 3.2.19 + AHUNTSIC
