Comité de liaison (CLAN-R)

Hommage à la Mémoire d’un patriote, le capitaine Rabah Kheliff

dimanche 20 février 2011

A Lyon on l’appelait le capitaine Rabah Kheliff. Né en Kabylie, ancien enfant de troupe, ce fils d’officier français s’engagea en 1951, à 18 ans, pour combattre pour la France en Indochine. Il est décédé le 3 novembre (2003). Il n’avait que 70 ans. Il était le créateur et le président de l’Union nationale des Anciens combattants français musulmans (UNACFM). Dès sa mise à la retraite de l’armée, il s’était consacré à la défense des droits de ses camarades de combat Français musulmans, souvent désarmés, devant une administration tatillonne et ingrate. Nous espérions le voir triompher, une fois de plus, du mal terrible qui le rongeait.

Il était sorti tant de fois sain et sauf des champs de bataille, en particulier à Dien Bien Phu, dont il revint miraculeusement, et en Algérie.

Il a été présent jusqu’à son dernier souffle aux côtés des anciens combattants et harkis qu’il a défendus de toutes ses forces et n’hésitait pas à intervenir aux plus hauts niveaux pour apaiser leurs souffrances. Il avait tenu à organiser lui-même la journée nationale du 25 septembre dernier à Lyon en hommage à leur tragique destin. Ce fut une journée mémorable à laquelle, épuisé, il n’avait pu assister. Il avait réussi à obtenir du président de la République que le 25 septembre soit célébré tous les ans et sur tout le territoire comme hommage national aux Anciens Combattants Harkis.

Le 5 juillet 1962 à Oran, un des seuls officiers français à oser le faire, il n’avait pas hésité à enfreindre les ordres prescrits. Des ordres écrits (dictés par le gouvernement français de l’époque et relayés par le général Katz, commandant la place d Oran et ainsi « co-responsable » de la tragédie qui endeuilla Oran ce jour là) enjoignaient aux soldats français de ne pas bouger de leur cantonnement quoi qu’il arrive (ordres donnés à tous les officiers qui commandaient les 12 000 soldats, gendarmes et CRS. répartis dans chaque quartier de la ville d’ORAN).

N’écoutant que son sens du devoir, il fit face à l’ALN avec sa compagnie de chasseurs, arrachant des centaines de ses compatriotes européens et musulmans à une mort certaine, sans verser une goutte de sang, juste avec sa fermeté et son courage.

Rabah Kheliff était commandeur de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite.

Profondément croyant, il avait été un des fondateurs de la grande mosquée de Lyon dont il assurait l’indépendance dans un cadre intégralement français. Il disait à qui voulait l’entendre qu’il était français d’abord et musulman ensuite, et s’opposait à tous ceux qui, sous prétexte de double nationalité, se considèrent chez nous en simple subsistance. Nous garderons en mémoire son imposante silhouette, sa légendaire bonté, sa sagesse, son mépris du danger, son sens du devoir et son patriotisme. C’était un sage et un juste.

Le 6 novembre, une foule innombrable d’amis de toutes confessions se pressait devant son cercueil, une foule triste et digne, à l’image de celui qu’elle pleurait. Ses camarades anciens combattants étaient là, groupés derrière les drapeaux tricolores, en présence de nombreuses autorités locales et même nationales.
La prière des morts fut bouleversante, elle ressemblait à toutes les prières des défunts. C’était l’entente et la concorde que Rabah Kheliff espérait et prônait à toutes occasions de son vivant. Et je me laissais aller à rêver, je nous voyais tous et toutes là-bas, à Alger, avant le 1er novembre 1954, toutes origines confondues, unis et conscients qu’il restait une grande œuvre française à terminer, une communauté à faire entrer dans ce 21e siècle qui s’annonçait.


* NB à partir de l’allocution de Boris Khan, Président du cercle algérianiste de Lyon (en novembre 2003).


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