Comité de liaison (CLAN-R)

APPEL AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

mercredi 22 novembre 2017

APPEL AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
AVANT SA VISITE D’ÉTAT EN ALGERIE

Monsieur le Président de la République,

Très prochainement, vous vous rendrez en visite d’Etat en Algérie. Enfants de cette terre ou descendants d’enfants de cette terre nous y sommes profondément attachés et souhaitons avec force tant la prospérité de son peuple que des relations apaisées avec la France, dans un respect mutuel et sans instrumentalisation de notre histoire commune. C’est aussi ce que veut, dans son immense majorité, la population actuelle de l’Algérie.

Avant que vous ne vous y rendiez, nous voulons vous rappeler des questions douloureuses toujours en suspens :

  • 1 – Dans une déclaration en Algérie pendant la campagne présidentielle vous avez affirmé que, dans ce pays, la période de la colonisation avait été un « crime contre l’humanité, une vraie barbarie ». Ces propos, vous le savez bien, ont choqué des millions et des millions de Français et parmi eux ceux qui depuis cinq, six ou sept
    générations appartiennent à la terre algérienne ; ils ont été horrifiés et profondément meurtris de constater que l’œuvre remarquable accomplie par leurs ancêtres dans tant de domaines (médecine, agriculture, communications, éducation, transports routiers,
    ferroviaires, maritimes, enseignement universitaire, etc) pouvait être considérée par un dirigeant français comme un crime contre l’humanité, comme une vraie barbarie.

Et inévitablement, ils ont pensé à ceux des leurs qui, sous les ordres des gouvernements de Paris, ont été engagés sur tant de champs de bataille en Crimée, en Italie, au Mexique, pendant la guerre de 70, la guerre de 14-18, la guerre de 39-45, en Indochine, en Algérie même.

Ils se sont souvenus que les départements d’Algérie sont, en proportion, ceux qui, pendant la seconde guerre mondiale, ont donné à la France, le plus grand nombre de soldats. Ils se sont souvenus de la victorieuse campagne d’Italie conduite par l’un des leurs, le général Alphonse Juin.

Ils se sont souvenus du débarquement de Provence d’aout 1944 qui a largement permis la libération de la France par une Armée française de 260 000 hommes sous le commandement du général Jean de Lattre et dont beaucoup venaient d’Algérie ; Chrétiens, Juifs et Musulmans unis dans la fraternité des armes. Ils se sont souvenus des Harkis sacrifiés par dizaine de milliers sous l’uniforme français ou peu après l’avoir quitté. Ils se sont souvenus aussi du terrorisme sauvage dont ils ont été victimes.

Notons-le, les « Morts pour la France » issus de ces anciens départements français n’ont plus de Monument aux Morts et la Nation ne leur rend plus jamais hommage.

Le Monument aux Morts parisien, qui porterait leurs noms, et depuis si longtemps réclamé, n’a toujours pas été édifié. Il pourrait pourtant aujourd’hui jouer un remarquable rôle d’intégration.

Les propos que vous avez tenus – aussi désastreux qu’ils aient pu être - peuvent peut-être être considérés comme des « propos de campagne ». Maintenant, vous vous rendez en Algérie en tant que Chef de l’Etat ; vos mots auront une toute autre portée. Ils vont engager la France. Nous vous demandons instamment de ne pas les reprendre et de ne faire aucune démarche de repentance.

  • 2 – Depuis 55 ans, en grand nombre, des familles attendent de savoir ce que sont devenus ceux que l’on a appelé « Disparus ». Civils et militaires, ils ont été enlevés, surtout dans les derniers mois de la présence française ; personne n’a jamais su ce qu’ils étaient devenus. Ces familles mettent de l’espoir en vous.
  • 3 – Nos cimetières se dégradent de plus en plus, faute d’action suffisante tant du côté français que du côté algérien. La France doit accorder les budgets nécessaires à leur restauration et à leur entretien. L’Algérie doit faire cesser les profanations et les
    déprédations.
  • 4 – Les registres de notre Etat civil ont été partiellement microfilmés sous la présidence Giscard d’Estaing. Lors de la visite d’Etat du Président Chirac en Algérie en 2003, il avait été prévu que les deux cinquièmes restant seraient numérisés en Algérie ; ils ne l’ont toujours pas été.

Monsieur le Président de la République, pour des millions de Français votre déplacement en Algérie revêt une importance capitale ; ce voyage peut ajouter du drame au drame comme il peut contribuer à panser des blessures. Tout dépend de vous.

Le 22 novembre 2017

La Fédération
« Comité de Liaison des associations nationales de Rapatriés »

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