Comité de liaison (CLAN-R)

ROGER BENMEBAREK : Sid Cara, Nafissa (1910-2002)

mardi 29 mars 2011

Nafissa Sid Cara est née le 18 avril 1910 à Saint Arnaud, à l’est de Sétif, et morte à Paris le 1er janvier 2002. Elle a d’abord illustré l’école de la République. Dans les années 20, être une fille en milieu musulman, ne prédisposait pas à suivre les enseignements de l’école. Sur 36 678 élèves indigènes, on ne comptait que 3 331 filles. Fille d’un instituteur, son parcours fut éclairé par l’exemple paternel et disait-elle, aidé par une grand-mère en avance sur son temps.

Nafissa Sid Cara intégra l’Ecole normale d’instituteurs de Constantine, en précurseur. Elle fut de ces premières promotions de l’Enseignement des indigènes, corps spécifique bénéficiaire autant qu’acteur de la colonisation française. Nafissa Sid Cara rappelait que ce chemin fut difficile ; il lui fallut surmonter les préjugés de ses coreligionnaires. Ce chemin la mena jusqu’à l’enseignement du Français dans un cours complémentaire de la casbah d’Alger.

Dès lors, on n’est pas étonné de la voir s’intéresser au mouvement de mai 1958. Outre le retour du général de Gaulle aux affaires, s’ouvrait une réelle espérance de promotion sociale pour les musulmans d’Algérie. Et c’était une immense espérance pour la femme algérienne.

Elle fut élue députée d’Alger-banlieue, en novembre 1958, avec Marc Lauriol, Philippe Marçais, professeurs à l’université d’Alger, et Robert Abdesselam, tennisman de la Coupe Davies, fils de notable musulman, la liste était un exemple de l’intégration que devait réaliser l’Algérie française. Michel Debré proposa de nommer Nafissa Sid Cara, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, titre complété par la suite, par la mention « chargée des affaires sociales musulmanes ». Le 8 janvier 1959, elle devint donc la première femme ministre de la Ve République et première femme musulmane siégeant au sein d’un gouvernement français.

Elle y resta 3 ans et 3 mois. Sa première tâche fut la préparation de l’Ordonnance du 4 février 1959 relative au mariage contracté dans les départements d’Algérie par des personnes de statut civil local et de son décret d’application du 17 septembre 1959 ; elle fut soutenue dans sa tâche par le juriste éminent qu’était René Cassin. Ces textes visaient l’équilibre de la société musulmane d’Algérie, exigeant des conditions d’âge, de consentement, de publicité et de preuve du mariage et des conditions strictes pour sa dissolution éventuelle.

C’était, dans le respect de l’Islam, la restauration de la dignité de la femme et un frein à la prolifération désastreuse de femmes et enfants abandonnés, sans domicile. Nafissa Sid Cara se préoccupait aussi du développement des conditions de vie matérielles et morales d’une population qui souffrait du sous-développement et du déchirement des familles entre le maquis et les nécessités du maintien de l’ordre.

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