HOMMAGE A PIERRE DIMECH
Pierre Dimech nous a quittés il y a peu ; c’est pour nous une très grande perte.
Toute sa vie, avec la force de conviction que nous lui connaissions, il a mis en valeur notre culture, il a contribué à la faire mieux connaître, et nous a donné des ouvrages passionnants et souvent émouvants.
Le jour où j’ai appris son décès je me suis tourné vers ma bibliothèque, j’ai pris au hasard l’un de ses ouvrages et m’y suis immédiatement plongé, comme pour entrer en communion avec lui. Il s’agissait de Les écrivains algérianistes et leurs modèles paru en 2009, dans la collection Xénophon, à l’Atelier Fol’fer.
Avec ce livre remarquable, Pierre Dimech nous offre un guide pour faire revivre une atmosphère mais aussi pour transmettre une culture et une mémoire. L’Algérie a connu, sur une longue période, une intense activité littéraire autour d’écrivains tels que Robert Randau, Jean Pomier, Isabelle Eberhardt, Albert Camus, Paul Robert, Jean Amrouche, Jean Brune, Mouloud Feraoun, Emmanuel Roblès et tant d’autres.
Dans son ouvrage, Pierre Dimech a choisi de s’intéresser aux écrivains chroniqueurs de la période 1890-1930, sorte d’ « âge d’or » de l’Algérie littéraire, pour nous faire découvrir une vie quotidienne truculente. Des écrivains caustiques qui pratiquèrent avec jubilation l’art de l’outrance poussée jusqu’à l’autodérision. Il en ressort une petite étude sérieusement drôle. Ainsi, avec Paul Achard, Lucienne Favre, Louis Bertrand, Edmond Brua, Louis Lecoq, Annette Godin, Musette, Gabriel Audisio, Charles Hagel, Georges Laffly, Laurent Ropa, André Tabet, il compose une véritable anthologie de la vie quotidienne algérienne de ce temps.
A travers les descriptions données par ces écrivains, et au gré de sa fantaisie, Pierre Dimech évoque nombre de situations cocasses. Apparaît ainsi une population riche des différences entre ses diverses composantes ; turbulente et joyeusement excessive comme le sont eux-mêmes, pour notre plus grand plaisir, certains de ces écrivains. N’a-t-on pas parlé d’un « Rabelais africain » à propos de Robert Randau ? On aurait pu tout aussi bien dire de lui qu’il était un « Faulkner optimiste ».
Comme l’écrit le préfacier de l’ouvrage, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, « en suivant Pierre Dimech et ses morceaux choisis, (nous allons) de Bône à Oran, des cabanons aux fermes des colons, des médinas aux quais, des caves à vin aux souks... ».
Par son talent et sa passion, Pierre Dimech a su faire vivre, et d’une certaine façon perdurer, une littérature originale qui reflète si bien ce que nous étions.
Cher Pierre, ceux de là-bas te disent merci
D.F.
fr Histoire et mémoires 4- Aspects de la période Française en Algérie 4.5 Personnalités ?