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Hommage à la Mémoire d’un patriote, le capitaine Rabah Kheliff
Le témoignage du lieutenant Rabah KELIFF :
le 5 juillet 1962 à ORAN
voici comment Rabah Kheliff (capitaine) racontait son action le 5 Juillet 1962 à Oran, il y a quelques années sur France Culture : (extraits)
"Je commandais la 4e Compagnie du 30ème BCP (Bataillon de Chasseurs portés) et ayant des renseignements, comme tous mes camarades, alors que j’étais le seul officier FSNA
(Français de souche nord africaine), disions-nous à l’époque, dans cette unité de chasseurs.
Ayant eu des renseignements qui m’affirmaient que les membres du FLN et des fanatiques « ramassaient » dans Oran et sur les routes les Pieds-noirs et bien sûr les Musulmans qui étaient pro-français, pour les amener dans des camions et les abattre ou les égorger, avant de les jeter en masse dans le Petit Lac, qui, paraît-il, actuellement serait cimenté.
J’ai téléphoné au colonel commandant le secteur qui était mon patron hiérarchique le plus élevé et à son adjoint. Le commandant m’a dit : "Khellif je comprends très bien ce que vous ressentez, je vous laisse faire selon votre conscience, mais attention ! Je ne vous ai rien dit." J’ai considéré cette réponse comme un feu vert et un encouragement. J’ai alors embarqué la moitié de ma compagnie et je me suis dirigé vers un des points de regroupement, qui se trouvait devant l’ancienne Préfecture à Oran et là effectivement, j’ai vu, d’un part une colonne, colonne par trois ou quatre, de femmes, d’enfants, de vieillards pieds-noirs, des centaines, qui étaient gardés par la valeur d’une section du FLN et qu’on s’apprêtait à embarquer pour une destination inconnue.
Devant la Préfecture, il y avait un planton. Je demande à ce planton où se trouve le Préfet. Il m’a montré un monsieur, petit, costaud, chéchia rouge qui grimpait les escaliers de la Préfecture. J’ai donc en trois enjambées rejoint ce Préfet et je lui ai dit :’ "Monsieur le Préfet, je vous donne trois minutes pour faire libérer tous ces gens-là. Sinon, je ne réponds plus de rien." Le Préfet en question n’a pas répondu, il est redescendu avec moi et il a été voir le patron de la section du FLN. La palabre n’a pas duré longtemps. Les gars du FLN sont montés dans leur camion, sont partis.
Le Préfet est venu avec moi " c’est fait mon lieutenant ", et a dit aux gens terrorisés : " Mesdames, Messieurs vous êtes libres, vous pouvez rentrer chez vous ".
Le Préfet est venu et m’a dit : « Je reverrai toujours cette scène hallucinante de femmes d’enfants et de vieillards qui pleuraient, poussaient des cris hystériques, courant, tombant les uns sur les autres… »
Puis j’ai installé des patrouilles sur les axes routiers qui menaient au port ou à l’aéroport, car j’ai appris qu’on arrêtait les gens qui fuyaient, qu’ils soient musulmans ou européens d’ailleurs. C’était la population ou des gens armés ne faisant même pas parti de l’ALN, qui les arrêtaient, les volaient, les tuaient. J’ai donc mis des contrôles pour éviter cela et je les arrachais littéralement aux mains de la population. Au risque de ma vie, souvent, je les escortais jusqu’au port, parfois seul dans ma Jeep, avec simplement mon chauffeur et mon garde du corps. J’ai fais cela en ayant le sentiment de ne faire que mon devoir."
NB Le Capitaine Kheliff n’a jamais pu revoir son pays natal, ni les survivants de sa famille restés en kabylie.
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5 Juillet 1962
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