Comité de liaison (CLAN-R)

Gilles Bonnier- Histoire de l’Algérie française (1830-1962). Quelques repères...

jeudi 4 mai 2023

La colonisation civile était encore embryonnaire avec une cinquantaine de villages ( dont Boufarik dans la Mitidja) ; dans le contexte d’une situation politique et sociale très difficile en métropole, le ministre de la guerre Lamoricière lance en 1848 la création de 42 « colonies agricoles » peuplées avec les volontaires ( pas très agriculteurs ) des 17 convois de 600 à 800 personnes venant de Paris et 12 l’année suivante ; ces « colonies » couvrent tout le territoire, d’Arzew en Oranie à l’ouest à El Affroun dans l’Algérois et Mondovi dans le Constantinois à l’est. Les conditions d’installation étaient plus que précaires et la mortalité y fut immense dans les années suivantes.

En plus de ces centres, d’autres villages (une quarantaine dont Sidi Bel Abbès) furent créés avec l’aide de l’administration ou des militaires. Au total officiellement on compte 150 centres ou groupes de fermes crées entre 1830 et 1851.

- En 1851 démographie : il y a environ 2,3 millions de Musulmans ; et sur une population civile d’origine européenne de 132 000 individus il y a 50% de Français (citoyenneté de plein exercice), 35% d’Espagnols, 6% d’Italiens et 6 %de Maltais.

Depuis 1830 la population d’origine européenne a cru, mais c’est seulement à partir de 1856 que les naissances l’emportent sur les décès.

Sous le second empire il faut noter l’attribution de vastes concessions à de grandes sociétés comme la Compagnie genevoise de Sétif (crée en 1853 avec 20 000 hectares) ; ces sociétés, en plus de l’exploitation agricole de très grandes surfaces, devaient aussi lancer d’importants travaux d’aménagement, créer des villages de colonisation, mais ces conditions ne furent pas toujours honorées.

- 1865 l’empereur Napoléon III avec le sénatus-consulte du 14 juillet ouvre la possibilité pour les Musulmans d’acquérir la pleine citoyenneté française en renonçant aux règles coraniques (qui se substitue au code civil dans le statut dit personnel) ; il y a peu de demandes (moins de 1000 de 1865 à la fin du siècle).

Il y avait dans ce texte également des dispositions pour la possibilité de naturalisations des Juifs avec la même condition de ne pas conserver son statut personnel ; et aussi une possibilité de naturalisation pour les étrangers non musulmans et non israélites en respectant certains critères comme la présence de plus de 3 ans. Il fallait aussi avoir plus de 21 ans. Comme pour les musulmans il y eut peu de demandes.

- 1870 en mars deux Décrets dits Crémieux : le plus connu prévoyait une citoyenneté totale et automatique pour les Juifs, soit environ 37 000 personnes concernées ( en 1830 les juifs, présents sur cette terre parfois depuis presque 20 siècles, étaient environ 15 000) ; un autre décret rendait possible une fois de plus une pleine citoyenneté pour les Musulmans avec renoncement au règles de droit coranique du statut personnel et des dispositions de possibilité de naturalisation pour les étrangers non musulmans.

- 1871 Le traité de Francfort du 10 mai 1871, après la défaite militaire de Napoléon III,
prévoyait une option de maintien de la nationalité française pour les Alsaciens et Mosellans nés dans les territoires annexés alors par l’Allemagne, même s’ils en étaient
déjà partis ; ce fut le cas pour certains établis en Algérie. Cette option était ouverte jusqu‘en septembre 1872.


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