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GENEVIEVE DE TERNANT : La Promotion sociale en Algérie, ses aspects et limites
Il est inutile, également, je crois, de revenir sur le dévouement des instituteurs du bled : d’ innombrables photos montrent les classes où les seuls enfants européens étaient ceux des instituteurs, et du gendarme au milieu des enfants indigènes dans des classes souvent très nombreuses. La presque totalité des Gardes Champêtres, voix des autorités, étaient des indigènes.
Les routes, les hôpitaux, les écoles donnaient à peu près partout les possibilités d’ accès à la population à l’ éducation et à la santé. Le FLN a détruit beaucoup de ces infrastructures. Il n’ était pas toujours facile de soigner, mais le corps médical était respecté.
Pour l’ école, les petites filles qu’ il avait fallu scolariser en dépit des réticences paternelles, étaient le plus souvent retirées de l’ école à la puberté et mariées très jeunes. Comment transmette l’ instruction aux enfants quand le père est au travail et la mère ne peut y veiller ?
En ce qui concerne l’ habitat, les choses n’ étaient pas plus faciles. Les grandes familles avaient d’ emblé adhéré à l’ instruction et jusqu’ aux plus hauts niveaux. Elles habitaient en général dans les villes et dans les quartiers modernes. Mais dans les fermes, le colon fut confronté à la résistance de ses propres ouvriers lorsqu’il leur offrait des maisons « en dur » sur la propriété. Ce ne fut pas toujours le cas, naturellement. Les femmes préféraient habiter le douar où elles vivaient entre amies .
Il faut cependant ne pas oublier qu’ il existait à Alger et à Oran (seules villes où j’ ai vécu et donc peux en témoigner) une élite indigène parfaitement incorporée à notre vie quotidienne.Bien entendu, il serait stupide de nier qu’ il y avait des clivages sociaux comme ils existent d’ ailleurs partout en France, clivages que seul le temps aurait permis d’effacer. 132 ans, c’ est peu au regard des civilisations…
Je pense que Michel Debré était sincère dans son désir de promouvoir l’ ensemble des habitants de l’Algérie, mais je suis beaucoup plus sceptique quant à la volonté de De Gaulle sur ce plan comme sur le plan politique. Certes, si les circonstances lui avaient permis d’ obtenir un résultat spectaculaire dont il aurait cueilli les fruits alors que, depuis des décennies les gouvernements français s’ y efforçaient. Mais comme il avait toujours deux fers au feu, il n’ a pas hésité à jeter par-dessus bord les Algériens, européens et indigènes en les précipitant dans les bras des pires tortionnaires qu’ étaient les dirigeants FLN.
Il ne fait, pour moi, aucun doute qu’ il envisageait sans frémir les fleuves de sang qui ont coulé et qui auraient été encore plus abondants si l’ OAS n’ avait pas protégé les villes et rapatrié vers elles beaucoup de fermiers que l’ armée abandonnait.
Geneviève de TERNANT
Décembre 2008