Comité de liaison (CLAN-R)

Geneviève de GALARD a eu un hommage national aux Invalides. Merci, Madame !

mardi 11 juin 2024

©GabrielleCluzel

La messe de funérailles de Geneviève de Galard et l’hommage national qui a suivi ont eu lieu aux Invalides, ce 7 juin, veille de la Journée nationale d’hommage aux morts d’Indochine instituée en 2005. Rappelons que 47.000 militaires français sont morts au combat là-bas. Quant aux prisonniers, seul un sur quatre est revenu. Puisse Geneviève de Galard retrouver, au paradis, ceux dont elle a soigné le corps et l’âme en enfer. Celui de la cuvette de Ðiện Biên Phủ.

Il y avait peu de journalistes - nous étions deux, dans l’espace imparti à la presse - mais beaucoup de militaires. C’était des légionnaires qui portaient le cercueil, ceint du drapeau tricolore. Dommage, il n’y avait pas Libération pour entendre, sous la galerie des Invalides, ce jeune officier lancer à la cantonade, avec insolence : « Pour une fois que c’est quelqu’un d’intéressant, je me suis porté volontaire !  » : un mètre linéaire d’enquêtes à charge sur la supposée misogynie de l’armée qui se serait soudain effondré. Tiens, c’est vrai, pourquoi la presse de gauche était-elle complètement absente ? Une femme, héroïque, sous le feu du combat à une époque où « cela ne se faisait pas » aurait dû les ravir. Penses-tu !

Quand on demandait à Geneviève de Galard ce qui, dans la cuvette de Ðiện Biên Phủ, l’avait soutenue, a rapporté Sébastien Lecornu, ministre de la Défense, dans son éloge funèbre, elle répondait : « Ma foi et mon rouge à lèvres ! » Une femme française, une vraie. Que sa famille honore et oblige : l’un de ses ancêtres était compagnon d’armes de Clovis, un autre celui de Jeanne d’Arc. L’ange de Ðiện Biên Phủ a d’ailleurs rendu son âme le même jour que la Pucelle d’Orléans (le 30 mai). On a le droit de n’y voir qu’une coïncidence ou de penser, comme Einstein, que le hasard n’est rien d’autre que Dieu qui se promène incognito.

À ce sujet — Geneviève de Galard, « l’ange de Ðiện Biên Phủ », vient de mourir : sa place est au Panthéon !

Il y a peu ou prou trois figures féminines qui marquent, pour la postérité, la période indochinoise. Marguerite Duras (et son Amant), la Marie-Dominique de la chanson, dont on se demande éternellement ce qu’elle « f… à Saïgon » - combien de soldats, eux, se sont demandé ce qu’ils f… dans la cuvette de Ðiện Biên Phủ ? Mais une seule est un ange : Geneviève de Galard. Et les anges n’ont pas d’âge. J’ai souvenir d’un mariage dans le Gers, où elle était assise, fragile, élégante et souriante, son mari, debout, à ses côtés. J’ai eu du mal à l’approcher, tant de jeunes officiers empressés, admiratifs, l’entouraient, comme si, malgré ses 90 ans, elle était Scarlett O’Hara.

Puisqu’on parle de cinéma américain, eux autres n’auraient pas traîné pour faire de cette convoyeuse de l’air, cette IPSA (infirmière pilote secouriste de l’air) comme on les appelait alors, l’héroïne d’un de ces blockbusters dont ils ont le secret. Besoin de rien inventer pour le romantisme du scénario, tout est déjà là : cette église des Invalides où hommage lui a été rendu, elle s’y est mariée. Avec l’un de ceux qu’elle a rencontrés en Indochine : le capitaine de Heaulme. Ce dernier était présent, bien que centenaire, pour assister au dernier hommage rendu à son épouse, porté par de jeunes militaires dans son fauteuil, avec son béret rouge sur la tête. Leurs trois enfants ainsi que leurs très nombreux petits-enfants étaient debout, eux aussi, ce vendredi, dans la cour des Invalides.

Geneviève de Galard est bien trop « vieille France », selon la délicieuse expression, pour avoir l’heur de plaire au cinéma français. Pourtant, convenons qu’elle a montré, bien avant l’engouement pour les transgenres et les non-binaires, qu’on pouvait être femme et « en » avoir.

Peut-être, au moins, l’évocation de son souvenir, au lendemain de la commémoration du Débarquement et à la veille de celle des morts d’Indochine, alors que se rapproche dangereusement de nos oreilles le fracas de la guerre, rappellera-t-elle qu’envoyer des jeunes gens au combat n’est pas une décision qui se prend à la légère.


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