Comité de liaison (CLAN-R)

« Cimetière » des Harkis au Camp de Rivesaltes - Disparition des corps d’enfants décédés

samedi 15 février 2025

A partir de l’été 1962, 90 000 Harkis et des membres de leurs familles furent enfin exfiltrés de l’Algérie où ils étaient menacés de mort par le FLN et ses affidés, les nouveaux maitres de l’Algérie.

50 % de ces personnes sauvées le furent par des réseaux d’officiers soucieux de protéger leurs hommes (et aussi par des civils bénévoles) malgré les ordres de non évacuation de ces populations menacées que donna le pouvoir politique français pendant de nombreux mois alors qu’en Algérie à la veille de l’indépendance et dans les mois qui suivirent plusieurs dizaines de milliers de Harkis étaient massacrés.

Camp de Rivesaltes

L’autre moitié fut évacuée par les pouvoirs publics, et ces familles de Harkis avec beaucoup d’enfants transitèrent plus ou moins longtemps dans plusieurs camps dits de regroupement dans des conditions plus que précaires voire indignes, ce qui fut funeste à de jeunes enfants lors d’un hiver particulièrement rigoureux. L’un des camps, le plus important, fut celui de Rivesaltes dans lequel transitèrent 21000 d’entre eux.

Depuis des années les familles de Harkis ayant perdu des enfants dans ce camp réclamaient en vain le droit de faire leur deuil en pouvant enfin retrouver les sépultures.

Des difficiles travaux de recherche du nombre de morts dans ce camp et de leur identité ont été effectués par l’Onacvg avec les familles et des associations. En octobre 2019 une plaque commémorative a pu être érigée, et inaugurée par la secrétaire d’état aux Anciens Combattants dans ce camp à la mémoire des 146 Harkis et membres de leurs familles décédés dont beaucoup d’enfants.

Plaque commémorative

En octobre 2023 le principe de fouilles a été retenu par les pouvoirs publics : des recherches à effectuer dans le camp et sur des zones qui seraient susceptibles de renfermer des sépultures enfouies. Un Collectif des familles des disparus du camp harkis de Rivesaltes s’est constitué en juin 2024 pour exiger le commencement de ces fouilles par des archéologues. Il a été entendu et ces dernières ont eu lieu en fin d’année.

A l’issue de ces fouilles, lors d’une réunion organisée par la Préfecture des Pyrénées-Orientales le 10 décembre dernier concernant la localisation du cimetière de Harkis du camp et la recherche des tombes d’enfants en particulier, une nouvelle bouleversante a été annoncée aux familles de Harkis lors de la présentation des archéologues : 52 tombes vides ont été retrouvées fin novembre par ces archéologues sur un terrain vague à proximité de la stèle ( seules des plaques numérotées ont été retrouvées).

Aucune explication ne fut fournie. Les familles avaient eu l’espoir, après toutes ces années d’attente, de pouvoir enfin retrouver les sépultures de leurs défunts et faire leur deuil. Ce fut une indignation et une colère légitimes.

De 1962 à 1965 les enfants parfois très jeunes décédés dans le camp harkis de Rivesaltes n’ont pas été inhumés dans le cimetière communal mais dans le camp. Vers 1984, semble-t-il, il a été décidé de faire disparaître ce cimetière.

Mais où sont les corps des nouveau-nés et harkis morts dans ce camp ou à l’hôpital de Perpignan ? Il semblerait que les autorités locales aient exhumé les corps sans en avoir au préalable informé les familles et ne donnent pas d’explication sur le sort qui a été réservé à ces sépultures.

IL est capital que la vérité soit enfin établie. Cette découverte et cette incertitude sont très graves.

Il serait inadmissible que les archives locales n’aient pas gardé de traces de ces opérations sur un sujet aussi sensible. Une indignation légitime s’est amplifiée devant certaines pesanteurs administratives.

Récemment Madame Mirallès, la ministre en charge des Anciens Combattants et de la Mémoire s’est à nouveau et directement impliquée pour que ce douloureux dossier soit enfin éclairci dans les meilleurs délais et va participer à une réunion de clarification prévue le 21 février prochain avec le Préfet, les autorités municipales locales et les représentants des familles.

Les Rapatriés Pieds Noirs, qui connurent souvent dans leur chair la tragédie sanglante de la fin d’Algérie et beaucoup d’Anciens Combattants qui ont combattu avec des Harkis, sont particulièrement attachés au respect de la mémoire des Harkis et comprennent la douleur des familles qui ne peuvent pas encore faire leur deuil.
Après l’indépendance et pendant des années de nombreux cimetières communaux, de Français d’Algérie chrétiens et juifs où reposaient les leurs depuis plusieurs générations furent souvent profanés - tombes brisé
es et corps parfois disparus. Ces familles de Rapatriés ne peuvent que partager la peine de ceux qui voient leurs morts oubliés ou non respectés. .

Le CLAN-R soutient la démarche de ces familles et espère vivement que chacune d’entre elles puisse connaitre enfin ce qui s’est passé quels que soient les faits.

Gilles Bonnier

Exode, été 1962
1960- Harkis à cheval, Moghaznis d’une SAS

Accueil | Contact | Plan du site | | Statistiques du site | Visiteurs : 118 / 395776

Suivre la vie du site fr  Suivre la vie du site Dossiers  Suivre la vie du site Cimetières   ?

Site réalisé avec SPIP 3.2.19 + AHUNTSIC

Creative Commons License