ALBERT CAMUS Actuelles III Chroniques Algériennes (1939-1958)
ALBERT CAMUS
Actuelles III Chroniques Algériennes (1939 – 1958 )
Extraits :
Dans l’Avant propos ( mars- avril 1958) : Albert CAMUS
« Ces textes résument la position d’un homme qui , placé très jeune devant la
misère algérienne, a multiplié vainement les avertissements… conscient depuis
longtemps des responsabilités de son pays… mais, averti depuis longtemps des
réalités algériennes je ne puis non plus approuver une politique de démission
qui abandonnerait le peuple arabe à une plus grande misère, arracherait de ses
racines séculaires le peuple français d’Algérie et favoriserait seulement, sans
profit pour personne, le nouvel impérialisme qui menace la liberté de la France
et de l’Occident.
Quand sa propre famille est en péril immédiat de mort, on peut vouloir la
rendre plus généreuse et plus juste, … mais sans manquer de solidarité qu’on
lui doit dans ce danger mortel, pour qu’elle survive au moins et qu’en vivant,
elle retrouve alors la chance d’être juste. A mes yeux c’est cela l’honneur, et la
vraie justice, ou bien je reconnais de ne plus rien savoir d’utile en ce monde.
On a le devoir de dire que la lutte armée et la répression ont pris de notre côté
des aspects inacceptables ….
Mais nous devons condamner avec la même force, et sans précautions de langage, le terrorisme appliqué par le FLN aux civils français comme d’ailleurs aux civils arabes.
Sous la forme où il est pratiqué aucun mouvement révolutionnaire ne l’a jamais admis et les terroristes russes de 1905, par exemple, seraient morts plutôt que de s’y
abaisser. Quelle que soit la cause que l’on défend, elle restera toujours
déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente où le tueur sait
d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant.
Lorsque la violence, dans un délire qui s’exaspère et rend impossible le simple
langage de raison le rôle des intellectuels … doit être seulement de travailler
dans le sens de l’apaisement pour que la raison retrouve ses chances.
Il faut cesser aussi de porter condamnation en bloc sur les Français d’Algérie.
Une certaine opinion métropolitaine, qui ne lasse pas de les haïr, doit être
rappelée à la décence. Quand un partisan français du F.L.N ose écrire que les
Français d’Algérie ont toujours considéré la France comme une prostituée à
exploiter, il faut rappeler à ces irresponsable qu’il parle d’hommes dont les grands parents , par exemple , ont opté pour la France en 1871 et quitté leur
terre d Alsace pour l’Algérie , dont les pères sont morts en masse dans l’est de
la France en 1914 et qui eux –mêmes, deux fois mobilisés dans la dernière
guerre , n’ont cessé, avec des centaines de milliers de Musulmans , de se battre
sur tous les fronts pour cette prostituée.
En ce qui me concerne, il me parait dégoutant de battre sa coulpe, comme nos
juges-pénitents, sur la poitrine d’autrui, vain de condamner plusieurs siècle
d’expansion européenne, absurde comprendre dans la même malédiction
Christophe Collomb et Lyautey.
Ma position : Une Algérie constituée par des peuplements fédérés, et reliée à
la France, me parait préférable, sans comparaison possible au regard de la
simple justice, à une Algérie reliée à un empire d’Islam qui ne réaliserait à
l’intention des peuples arabes qu‘une adition de misères et de souffrances et
qui arracherait le peuple français d’Algérie à sa patrie naturelle.
L’appel pour une trêve civile en Algérie (conférence du 22 janvier 1956) :
« Obtenir que le mouvement arabe et les autorités françaises, sans avoir à entre en contact, ni à s’engager à rien d’autre, déclarent simultanément, que |
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