Comité de liaison (CLAN-R)

Robert MILLER : Les Etats Unis et la guerre d Algérie , le tournant du discours de JF Kennedy en 1957

lundi 21 février 2011

La question que l’on peut se poser serait donc : pourquoi un discours sur l’Algérie au sénat des États Unis en 1957 ? Il y avait bien d’autres révoltes anti-coloniales au même moment surtout en Afrique mais aucune ne se présentait de manière aussi proche ni aussi dramatique que la rébellion algérienne. Depuis les débuts sanglants du 1er novembre 1954, le gouvernement américain avait la hantise de se trouver rapidement devant un nouveau Dien Bien Phu en Afrique du nord. Dans l’optique de guerre froide de 1956-57, la France pourrait très bien se trouver remplaçée en Algérie par des régimes hostiles à l’occident, voire favorables au bloc de l’est qui serait à même de menaçer l’Europe par le sud.

De plus, du point de vue stratégique pour les États Unis, à mesure que la défense de l’Europe devenait progressivement assurée par l’arme nucléaire et fondée sur les missiles, les bases stratégiques en Afrique du nord perdaient de leur valeur et pouvaient devenir en fait autant de pièges au cas où les troupes s’y trouveraient encerclées par des rebelles victorieux et anti-occidentaux.

Le cas de Dien Bien Phu trois ans plus tôt restait gravé dans les mémoires : Eisenhower avait refusé d’autoriser des bombardements des hauteurs autour du camp retranché de peur de se voir targuer de colonialisme en faveur de la France et entrainé dans un conflit sans issue face à la Chine et l’URSS. Agirait-il de même en Afrique du nord si la France se trouvait acculée à une nouvelle catastrophe militaire ?
Depuis le début de son mandat, le président voulait cultiver une image libérale d’opposant irréductible au colonialisme dans la tradition de Franklin D. Roosevelt.

La crise de Suez en octobre-novembre 1956 avait révélé un Eisenhower fermement opposé à cette aventure : l’attaque de la France, la Grande Bretagne et Israël sur l’Egypte avait pour but de mettre fin à la nationalisation du canal de Suez et par la même occasion renverser la dictature du colonel Nasser que le gouvernment français rendait partiellement responsable de la guerre en Algérie par son soutien de propagande et ses cargaisons d’armes. Les menaces soviétiques et l’opposition américaine provoquèrent la chute de Anthony Eden en Grande Bretagne et la crise du gouvernment de Guy Mollet qui survivra cependant jusqu’au mois de mai 1957.

Durant le printemps et l’été de 1957 les Etats Unis n’avaient aucune intention d’humilier la France ni de s’opposer systématiquement à sa politique algérienne constamment répétée d’un cessez-le-feu, d’élections et de négotiations avec des interlocuteurs valables. L’Algérie avec ses cinq départements faisait partie intégrante de la République française, et la France était un allié très important des Etats Unis, il fallait donc que ce problème soit résolu par les parties adverses, avec l’apport des Nations Unies.

Pourtant les pressions pour un virage en faveur du FLN commenceront à se manifester auprès de la diplomatie américaine avec le discours de Kennedy. Eisenhower se trouvait pris entre deux feux mais il avait décidé que la défense de l’Europe et l’OTAN était plus importante que les nombreux mouvements nationalistes de l’époque.


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