Comité de liaison (CLAN-R)

Le 19 mars vu par madame Madame GAUTIER Simone...

samedi 12 mars 2016

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Madame GAUTIER Simone
14 avenue de France
06400 Cannes

Cannes le 10 mars 2016

à

Monsieur François Hollande
Président de la République française
Palais de l’Élysée
55 rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

Objet  : Quai Branly – 19 mars 1962– le mensonge d’Evian

Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance l’horreur et la douleur que je ressens à la lecture des informations concernant votre projet de commémoration, reçues par le net.

Vous devez vous rendre au quai Branly, ce 19 mars, pour prononcer un discours, devant le Mémorial National de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie.

Il s’agirait bien d’une journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.

C’est ce que vous affirmez n’est-ce-pas ?

En réalité, Monsieur le Président, je vous plains. Il se fera évident que vous êtes fort mal informé pour glorifier une telle date. Il s’agit de la commémoration d’un impudent mensonge d’État.

Tous les anciens combattants le savent, les avez-vous interrogés ? Le savent, aussi, tous ceux qui ont vécu cette époque et qui n’ont pas manqué d’accomplir leur devoir de transmission des faits, bien au-delà de leurs générations.

Ce 19 mars 1962 est la date de la signature des soi-disant accords d’Evian, ce sinistre mensonge d’État. Vous ne pouvez pas ignorer, en effet, que ce 19 mars 1962, ne fut en réalité que « l’accord » de poursuivre l’horreur dans laquelle nous, les Français d’Algérie, fûmes plongés, de même que les Harkis et autres musulmans pro-français, en toute conscience.

Vous ne pouvez pas ignorer que la signature du 19 mars 1962 ne fut qu’un paraphe du sang et tous les chantres pseudo-historiens dont - malheureusement pour votre connaissance - vous vous entourez, n’y changeront rien.

J’ai l’honneur de vous remettre, en pièce jointe, le courrier que j’ai adressé à vos prédécesseurs à propos d’un de ces massacres qui suivirent, le massacre du 26 mars 1962, Plateau des Glières à Alger. C’est au cours de cette tuerie, au milieu d’une humble foule de femmes, d’enfants, de vieux messieurs portant fièrement leurs décorations, que le père de mes enfants fut assassiné, sur un ordre venu du sommet de l’État.

J’ai refusé que le nom de mon époux soit inscrit sur la colonne du Quai Branly.

Par cette lecture vous comprendrez à quel point je suis heureuse, aujourd’hui, eu égard à la cérémonie que vous entendez y tenir, que le nom de mon époux ne figure pas sur cette colonne. Sa mémoire ne participera pas au déshonneur posthume, -de la souillure-, infligé à la mémoire de tous ceux dont les noms sont énumérés là.

Comment pouvez-vous prétendre représenter la France et les Français dans la commémoration d’une paix qui a provoqué deux fois plus de morts que durant tout le conflit ?

Quelle paix allez-vous évoquer devant les familles des Disparus.

Vous ne servez pas la paix en nous donnant une image de morgue. Et plus qu’un déni de mémoire, car là, il existe bien quelque chose, vous utilisez le déplacement de la mémoire, le plus horrible qui puisse exister, cette tentation d’éradiquer tout un peuple, tout un pan de l’Histoire de l’humanité à laquelle nous appartenons.

Quoique vous tentiez, nous existons.

Tous les échos douloureux, qui vous parviennent à l’évocation de cette date funeste, ainsi que ma propre douleur contribueront, je l’espère, à votre méditation sur le sujet.

Tout en comptant sur votre compréhension, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, les respectueuses salutations dues à votre charge.

Simone GAUTIER


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