Comité de liaison (CLAN-R)

JEAN MONNERET : Monseigneur Duval à Alger

lundi 21 février 2011

Léon-Etienne Duval fut nommé à Alger, le 4 février 1954. Il était évêque de Constantine et d’Hippone, depuis 1946. Il est demeuré en Algérie, jusqu’à sa mort, le 30 mai 1996. Après l’Indépendance de l’Algérie, il avait pris la nationalité algérienne.

Sa mission dans ce pays découlait de la position que prit le Vatican à l’issue de la deuxième guerre mondiale sur la colonisation. Le prélat dès son arrivée en Algérie, en 1946, s’était mis à dénoncer la « misère » des populations algériennes et à réclamer, sur tous les tons, la « justice ». Comme tous les politiques penchant lourdement à gauche, il croyait ou feignait de croire, que la misère en Algérie, était, par essence, le fruit du régime colonial.

Durant le conflit algérien qui dura de novembre 1954 à l’été de 1962, Monseigneur Duval dénonça inlassablement la torture et prêcha non moins inlassablement la « réconciliation ». On ne pouvait évidemment pas attendre d’un prince de l’Eglise qu’il recommandât la première et désavouât la seconde pour pousser aux affrontements.

Néanmoins, Monseigneur Duval a toujours soigneusement évité de dénoncer le terrorisme du FLN. Il se contentait en la matière de phrases générales et convenues, ne pouvant en aucun cas gêner les insurgés. Ainsi, le 29 janvier 1957, en pleine bataille d’Alger et, alors que les pouvoirs de police venaient d’être confiés au général Massu, un communiqué de l’Archevêché indiquait que « s’attaquer à des innocents en leur infligeant de cruelles souffrances est une abomination ». Le communiqué ne précisait pas qui étaient ces innocents. Etait-ce les victimes civiles des terribles attentats du Milk-bar, de la Cafétéria et d’ailleurs ou les victimes de la brutale répression qu’exerçaient les militaires français ?

L’Archevêque défendit les chrétiens dits progressistes qui aidaient le FLN, cachaient ses militants et les soutenaient dans toutes leurs activités. Monseigneur Duval ira jusqu’à écrire : « Accuser quelqu’un de progressisme, c’est se rendre coupable d’une calomnie gravement répréhensible devant Dieu » avant d’ajouter : « ceux qui cherchent la voie de la réconciliation, ne sauraient être blâmés ».

Monseigneur Duval a condamné l’Armée française, il a refusé de condamner le terrorisme et ses agents, il a défendu les militants du FLN condamnés à mort. Il a non seulement laissé certains de ses prêtres aider directement cette organisation mais même pour deux d’entre eux, y adhérer et participer à ses congrès.

Lorsque Monseigneur Feltin, vicaire général aux Armées visita les militaires français en 1959, Monseigneur Duval défendit qu’on le reçût dans aucune cathédrale d’Algérie. Il manifestait aussi son désaccord avec les positions modérées de son confrère et son désir d’apparaître sans lien direct ou indirect avec l’Armée française. En revanche, il garda un quasi silence à propos du drame des Pieds-noirs et du massacre des harkis.

En bref, Monseigneur Duval a agi en sorte que l’Eglise d’Algérie apparaisse, au jour de l’Indépendance, comme partie prenante de la lutte de « libération nationale ». .

Le prix à payer fut aussi évident qu’élevé. Les Pieds-noirs et les harkis l’acquittèrent sans que cela soulevât une grande émotion chez cet Archevêque devenu ensuite Cardinal le 22 février 1965. Lors de l’exode des Européens en 1962, il se contenta de demander au Secours Catholique de France d’aider à leur accueil, ce qui était bien le moins. Encore se trahit-il en précisant sa recommandation en ces termes : « pour les plus démunis d’entre eux », laissant ainsi entendre que, dans son esprit en tout cas, tous ne méritaient pas d’être secourus.

Le prix à payer fut bien plus lourd encore sur le plan spirituel. Le catholicisme était en Algérie, massivement européen, et, en ce sens, lié à l’histoire de la France en Algérie. Le troupeau fut sacrifié par son pasteur.

L’Eglise qu’il dirigeait s’est complètement coupée de ses fidèles. Interrogé par Marie-Christine Ray dans une interview / biographie, parue en 1998, il n’a pas semblé outre mesure troublé par cette situation. Se laissant même aller à quelque triomphalisme, il a exalté le dialogue avec l’Islam, qu’il affirme très positif et actif dans l’Algérie actuelle. On croît rêver.

Pour lire l’intégralité du texte de Jean Monneret, ouvrez le PDF ci-dessous

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