Comité de liaison (CLAN-R)

Décès de Pierre Lagaillarde,par le Comité VERITAS

mercredi 20 août 2014

Il va réagir, marquer sa ferme opposition au processus d’autodétermination qui va faire le jeu du FLN, et reprendre contact avec les généraux Salan, Jouhaud, Zeller, ce dernier venant de démissionner de son poste de chef d’état major.

A Alger, Lagaillarde participe à la création du Comité d’Entente des Mouvements Nationaux qui a ses prolongements en métropole. En janvier 1960 éclate l’affaire Massu qui est rappelé en métropole pour avoir dit, avec maladresse, à un journaliste allemand qu’il n’était pas d’accord avec la politique algérienne de son patron, piège probable dans lequel le malheureux est tombé.

Une grande manifestation de protestation est prévue le 24 janvier à Alger, à l’occasion de laquelle Pierre Lagaillarde va être projeté de nouveau au premier plan de l’actualité.

Le député d’Alger-ville a contacté des hommes décidés : Joseph Ortiz, Jean-Jacques Susini, son successeur à la présidence des étudiants d’Alger, des militaires comme Gardes et Argoud Peut-être ces derniers sont-ils trop optimistes sur les sentiments des cadres ?

Lagaillarde décide d’occuper en force la Faculté d’Alger et d’en contrôler les entrées par des barricades, vieux réflexe révolutionnaire qui a fait la gloire de toutes les Républiques françaises.

Ce sera le réduit des Facultés. Est-ce une réédition de mai 1958 ? Cette fois les CRS débonnaires sont remplacés par les gardes mobiles plus hostiles.

Autre difficulté : le général Challe ne voit pas cette manifestation d’un bon œil. Le service d’ordre des paras est favorable à la foule, mais les hommes de Debrosse ont « reçu des ordres » et le successeur de Massu, le Général Crépin et ses adjoints Coste et Fonde, sont des gaullistes inconditionnels très hostiles aux foules d’Alger. Non rien ne rappelle le climat exceptionnel de mai 1958.

Le décor, pourtant, ne parait-t-il pas le même, avec les mêmes acteurs ? En ce dimanche après midi la foule est bien là, dense, plus tendue peut-être, les anciens combattants avec leurs drapeaux, les U.T. en tenues.

Le drame de la fusillade va éclater en fin d’après midi : 20 morts et 147 blessés. Qui a tiré le premier ? « Tir dans le dos des gardes mobiles par des éléments venus la veille de Paris pour déclencher l’ouverture du feu et la riposte » dira le Colonel Sapin Lignières, patron des U.T., version la plus vraisemblable car, de cette « émeute », De Gaulle va tirer, dans l’opinion métropolitaine, un profit considérable.

Dans la ville atterrée par ce drame, chacun campe sur ses positions. Pour Lagaillarde et Ortiz c’est l’échec. Après l’intervention de Charles De Gaulle du 27 janvier, Challe, encore hésitant, bascule du côté du pouvoir .Il commet probablement, de bonne foi, l’erreur de sa vie. Les deux camps retranchés devront se rendre.

Le 1er février 1960, Pierre Lagaillarde sort, la tête haute, du camp retranché, tandis que les paras de Dufour lui rendent les honneurs. Le soir même, il est emmené en métropole pour un long séjour à la Santé.

Lors du procès des Barricades, en décembre 1960, le plaidoyer de Me Denise Macaigne, avocate de Pierre Lagaillarde, sera le plus émouvant : « Condamner l’accusé c’est condamner l’Algérie. Condamnez donc la sévèrement comme on a osé vous le demander. Devant l’Histoire qui est en train de se faire vous serez ceux qui auront condamné l’Algérie qui supplie la France de la laisser française. Alors ne pleurez pas ? dans votre vieillesse de soldat, le jour affreux où vos fils, pour ne pas vous blesser, obstinément se tairont devant vous »...

Mis en liberté provisoire, Lagaillarde partira pour l’Espagne où il restera longtemps après la fin du drame, condamné par contumace à dix ans de prison. Dans cette tragédie qui connut tant de trahisons et de crimes, Pierre Lagaillarde doit rester pour nous le témoin exemplaire d’une fidélité à un combat qui fut le plus juste et le plus désintéressé, celui où l’infamie vient accabler le vainqueur, tandis que l’honneur couronne le camp du vaincu !

La politique algérienne de Charles De Gaulle, qui a abandonné délibérément tant de ses compatriotes aux massacres les plus barbares, restera pour nous un crime inexpiable «  Qui répondrait, en ce monde, à l’obstination du crime, si ce n’est l’obstination du témoignage ?  » Albert Camus.


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